Des états généraux qui ont regroupé les autorités locales, représentées par le premier magistrat de la wilaya et les directeurs de l'exécutif, les élus de l'APW et des APC, de nombreuses associations activant dans le domaine de l'environnement ainsi que des représentants de comités de village ayant obtenu récemment le prix de la propreté Rabah-Aïssat, ont été organisés, hier à Tizi Ouzou, pour débattre, et surtout tirer la sonnette d'alarme sur la situation critique de l'environnement dans la wilaya. Les communications à cette importante rencontre ont dressé, chacun à sa manière, dans des discours tantôt empreints de stigmatisation et tantôt de fuite de responsabilité, un constat des plus alarmants de la situation environnementale sur le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou. "La situation environnementale est grave. Les sites qui séduisaient autrefois tous les visiteurs sont aujourd'hui agressés et défigurés, et toutes les actions engagées jusque-là pour au moins limiter les dégâts se sont avérées inefficaces. Le décor est plus que jamais horrible et hideux ; les limites du tolérable sont dépassées", dira d'emblée le premier magistrat de la wilaya, Abdelkader Bouazghi, regrettant l'époque où la police, la gendarmerie, la police de l'environnement, de l'urbanisme et de l'hydraulique étaient intraitables sur les sanctions. Aux yeux du P/APW, Hocine Haroune, "tout le monde est coupable, mais la grosse part de responsabilité dans cette situation incombe à l'état". "Aujourd'hui, dès que vous sortez votre portable au volant d'un véhicule, même si vous êtes seul sur une autoroute, vous êtes interpellé par un policier ou un gendarme qui sort de nulle part. Pour un défaut de ceinture, on ne vous rate jamais, mais si vous déchargez une cargaison de déchets en pleine chaussée, nul n'est concerné. Pas de gendarme, pas de policier !", a déploré le président de l'APW, ajoutant que malheureusement "aucun geste efficace pour nettoyer définitivement nos routes nationales, chemins de wilaya ou communaux ainsi que les quartiers de nos villes qui regorgent de souillures, n'a été osé, excepté les villages dont le mérite de leur propreté revient plus au comités et aux associations qu'à une idée lumineuse des pouvoirs publics". Lors de son intervention, le directeur de l'environnement dans la wilaya a touché du doigt une des sources de cette situation : la wilaya de Tizi Ouzou produit 400 000 tonnes de déchets/an alors qu'elle ne dispose que d'environ 300 véhicules de ramassage d'ordures dont un grand nombre est en panne. Ajouté à cela, le manque de personnel dans le domaine et la non-réalisation de tous les CET et décharges contrôlées prévus dans la région. Seuls trois sont aujourd'hui opérationnels alors que les décharges sauvages recensées sont au nombre de 1 400 réparties sur un peu plus de 1 400 villages auxquelles s'ajoutent 25 dans des espaces forestiers, a-t-il révélé, tout en soulignant que 25 à 30% des déchets sont valorisables, mais que rien n'est fait dans ce sens. Le président de l'APW a révélé aussi que 20 milliards de centimes ont été alloués à la Direction des travaux publics pour l'entretien des routes mais que ces routes sont toujours jonchées d'ordures. à l'exception du directeur de la jeunesse et des sports qui a présenté un programme d'action précis et concret de contribution à la propreté de la ville, tous les autres qui se sont succédé au micro se sont contentés de rappeler théoriquement leur rôle dans le domaine environnemental et de stigmatiser le citoyen, plus particulièrement celui qui jette les bouteilles et les canettes de bière. Sur ce point justement, les participants qui ont trouvé un propice bouc émissaire en les consommateurs d'alcool ont fini par retenir parmi leur série d'interminables recommandations celle, la moins coûteuse, mais la plus ridicule, d'interdire la vente de boissons alcoolisées à emporter. Et ce, au lieu de placer, tout simplement, des dévidoirs aux abords des routes au lieu d'instaurer un système de recyclage ou d'obliger les vendeurs au retour au système de la consigne. Lors de cette rencontre, autorité et élus ont oublié juste de rappeler que lorsqu'il s'agit de voter des budgets l'on octroie toujours les plus faibles à l'environnement alors que lorsqu'il s'agit de débattre, l'on accorde le plus d'espace, de discours et de médiatisation à l'environnement. S L Nom Adresse email