Drapeau algérien noué au drapeau français. C'est peut-être la plus belle image de ce mardi soir en France qui illustre une joie partagée de part et d'autre de la Méditerranée. À La Courneuve, un carrefour où se croisent plusieurs chemins menant vers les villes du 9/3, ils étaient nombreux à défiler ainsi avec les deux drapeaux unis. Pour les Bleus, c'était peut-être une manière de fêter en priorité le retour en grâce de Karim Benzema dont le compteur des buts s'est remis à tourner au meilleur moment. On imagine, les torts dont il aurait été accablé si les gars de Didier Deschamps avaient raté leur billet. Deux heures avant que retentisse Qassaman au stade de Blida, Barbès était déjà fermé par une foule d'au moins 20 000 personnes. Dans le métro, on annonce que les lignes 2 et 4 ne s'arrêtent pas à cette station. Stupeur dans une capitale vivant depuis deux jours dans la psychose d'un tireur qui s'en prend surtout aux médias, mais dont on sait qu'il a pris tranquillement le métro après chacun de ses "attentats". Programmé deux heures avant France-Ukraine, le match Algérie-Burkina Faso s'est invité tôt dans les rues de Paris. Au fur et à mesure que les temps s'égrenait, Barbès retrouvait un peu de calme. Par grappes, les supporteurs se retiraient pour se poster devant les écrans, à domicile ou dans les cafés. Quand l'arbitre sénégalais siffla la fin du match à Blida, à Saint-Denis, la France et l'Ukraine venaient à peine de se jeter dans la bataille. Mais les fans des Verts n'en ont cure. Drapés de l'emblème national, ils déferlèrent dans les rues d'une capitale nerveuse. C'est l'Algérie que les Champs-Elysées voient défiler sous ses lumières scintillantes, et non la France. Le ballet des voitures se poursuivra pendant une grande partie de la nuit sur la plus belle avenue du monde. La victoire, deux heures après, de Benzema et de ses camarades ne leur fera pas perdre la domination du terrain. Dans les banlieues, le son des tambourins s'est éteint avec les étoiles. Loin de Paris, le drapeau algérien a été hissé au Vieux Port de Marseille. Mais aussi sur le fronton de la mairie de Toulouse. De Lille à Marseille, la fête a essaimé, gâchée quelquefois par des incidents comme à Avignon, Angoulême, Roubaix où des voitures ont été incendiées. Mais l'image qui restera est celle des deux drapeaux noués. Dans les deux équipes, à Blida et à Saint-Denis, il y avait des joueurs portant les deux nationalités. A. O. Nom Adresse email