Pour la première fois de son histoire controversée, le pays qui ne s'est pas contenté du partage de la Palestine est désemparé, ne pouvant plus compter sur ses traditionnels alliés, sa raison d'être et le rempart de ses violations et provocations impunies. Les fréquentes menaces du Premier ministre Benjamin Netanyahu de raids contre les installations nucléaires iraniennes sonnent de plus en plus creux après l'accord de dimanche. Même l'ancien chef de l'armée de l'air israélienne, Eitan Ben Eliahou, est formel : Israël ne pourra pas lancer une attaque militaire contre l'Iran. "Personne ne comprendrait aujourd'hui une frappe israélienne", a renchéri le ministre français des AE, Laurent Fabius, qui avait fait capoter la première réunion des 5+1 de Genève, en se faisant le porte-voix d'Israël. Pire, Netanyahu a découvert qu'il n'avait plus d'influence sur la politique américaine envers l'Iran. L'accord avec l'Iran a, en effet, accru son isolement sur la scène internationale, ce qu'il a dû relever lors de la dernière Assemblée générale de l'ONU lorsqu'il a expliqué à une salle quasi-vide les dangers d'un Iran nucléarisé. Obama n'a pas pris la peine de l'écouter comme avant, le lobby américain juif ne s'est aventuré, cette fois-ci, à aller à contre-courant de l'évolution dans le monde sur la question iranienne et à travers elle sur les impunités dont bénéficiait Israël. À ce propos, seule l'Arabie Saoudite a partagé le désarroi de Netanyahu. Ryad a menacé de se faire construire son propre programme nucléaire pour se doter de l'arme atomique. Bonjour la prolifération nucléaire dans la région. Il était temps qu'Israël ait peur. Netanyahu qui n'a plus de marge de manœuvres, menace de faire dérailler les négociations avec les Palestiniens. Le Premier ministre israélien a validé, mardi matin, la construction de 800 nouveaux logements en Cisjordanie, c'est une réplique typique de la droite israélienne quant elle n'arrive pas à obtenir ce qu'elle souhaite sur d'autres plans. Il y a une semaine, en sens inverse, Benjamin Netanyahu avait suspendu un plan de 2 500 logements au moment où il avait besoin que les Occidentaux maintiennent le cap sur les sanctions iraniennes. Son revirement est bien une vengeance, avec la probabilité forte que le processus israélo-palestinien s'arrête. Ce qui ne dérangerait pas Netanyahu mais mettra dans un sérieux embarras Obama. Ses chantages ne tiennent plus la route : l'UE envisage de lever prochainement les sanctions imposées à l'Iran, tandis que Washington a libéré 8 milliards de dollars du pactole iranien "nationalisé" depuis la rupture des relations entre les deux pays en 1980. Les sanctions, imposées à Téhéran à des degrés divers depuis une vingtaine d'années, touchent durement l'économie iranienne. Leur levée était le premier objectif des Iraniens dans les négociations avec les 5 du conseil de sécurité plus l'Allemagne. "La structure des sanctions a commencé à se fissurer", s'est d'ailleurs rapidement félicité le président Iranien, Hassan Rohani, après l'accord de Genève. Dans un geste de dernière chance, Netanyahu a dépêché ses conseillers auprès des services américains de sécurité, dans l'espoir de mettre sous plus grande surveillance les complexes nucléaires iraniens. Il pense aussi qu'il lui reste des soutiens parmi les membres du Congrès américain qu'il a, par ailleurs, sollicités pour qu'ils ne cèdent pas sur la question des sanctions. Quoiqu'il en soit, Netanyahu a peur, selon les commentaires de médias israéliens. Il sait, en outre, qu'il ne pourra pas bombarder les installations iraniennes, au risque de perdre le soutien des Etats-Unis, garants de la sécurité d'Israël sur le plan militaire. D. B. Nom Adresse email