L'Affaire Sonatrach est une série de scandales de corruption qui défraye la chronique en Algérie depuis 2010. L'ancien ministre de l'énergie Chakib Khelil et plusieurs hauts cadres de la compagnie pétrolière algérienne Sonatrach sont impliqués dans une vaste affaire de corruption. De nombreuses personnalités sont soupçonnées d'avoir perçu des pots-de-vin pour permettre à des grands groupes étrangers de décrocher des contrats de plusieurs milliards de dollars. Tout a commencé en janvier 2010. Une enquête menée par le Département du renseignement et de la sécurité (DRS, services secrets algériens) révélait des opérations frauduleuses qui entraîneront la mise en examen de Mohamed Meziane, alors PDG de Sonatrach, l'incarcération de ses deux fils ainsi que de deux vice-présidents du groupe. C'est ce qu'on appelle l'affaire Sonatrach I. Interpellé à l'époque par la presse algérienne, Chakib Khelil rétorque avoir appris l'existence de ces malversations et de l'enquête du DRS par voie de presse qui a révélé le scandale. En 2011, le tribunal a condamné Mohamed Meziane à un an de prison ferme, un an avec sursis, de même qu'une amende de 500 000 DA (6400 dollars), pour dilapidation de biens publics et non-respect du code des marchés publics dans la passation d'un contrat de gré à gré avec la société algéro-française Safir. Il a fait appel. Le dossier est au niveau de la Cour suprême. L'ex-PDG est sous contrôle judiciaire. Le scandale ne s'arrête pourtant pas là et continue à prendre de l'ampleur pour devenir Sonatrach II. Cette fois-ci, c'est le ministre de l'énergie et des Mines de l'époque, Chakib Khelil, qui est montré du doigt. La justice algérienne a annoncé avoir émis des mandats d'arrêt internationaux contre neuf des 22 suspects impliqués dans le scandale de corruption de Sonatrach II, y compris Chakib Khelil, son épouse et ses deux fils, ainsi que Farid Bedjaoui, neveu de l'ex-ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. Pour cette affaire Sonatrach II, il a fallu les révélations des presses italienne et canadienne pour en savoir davantage sur les tenants et les aboutissants de cette affaire. Selon la presse italienne, la justice soupçonne Farid Bedjaoui d'avoir empoché plusieurs centaines de millions de dollars de pots-de-vin de la part de la société Saipem, filiale d'Eni (Italie), pour faciliter l'obtention de huit contrats auprès de Sonatrach entre 2007 et 2009. Au Canada, celui-ci est soupçonné d'avoir joué le rôle de chargé de mission au profit de SNC-Lavalin pour l'obtention de plusieurs contrats en Algérie d'un montant avoisinant six milliards de dollars. Le groupe pétrolier Sonatrach est donc secoué par de graves scandales de corruption portant sur des pots-de-vin versés par des firmes étrangères à des responsables algériens pour obtenir des contrats. Le montant a été estimé à 200 millions de dollars ! Les enquêtes ordonnées par l'Algérie depuis février dernier tardent à donner des résultats. Le 2 juillet dernier, l'ancien ministre de la Justice, Mohamed Charfi, affirmait à l'APN que l'enquête sur Sonatrach avait révélé "un véritable réseau de corruption international dont les tentacules s'étendent à tous les continents". Entre-temps, le ministre de la Justice a quitté le gouvernement et l'ancien ministre de l'énergie, Chakib Khelil, nommément cité dans ces affaires de corruption, court toujours. Il n'est ni interpellé par la justice algérienne ni recherché par Interpol. Il convient de souligner enfin que les affaires de corruption n'ont pas commencé au sein de Sonatrach avec les affaires Sonatrach I et II. En effet, quelques années auparavant, une affaire similaire avait été révélée, impliquant Brown & Root-Condor (BRC), une joint-venture entre Sonatrach et le groupe américain Haliburton, qui a profité de surfacturation lors de marchés douteux avec Sonatrach. Pour étouffer ce scandale, Khelil n'avait pas trouvé mieux que de dissoudre BRC. S. S. Nom Adresse email