Le Premier ministre français a assuré que son pays "a tourné la page du repli sur soi", rappelant que plus de 22 000 étudiants algériens suivent un cursus d'enseignement supérieur en France et qu'"ils peuvent être plus nombreux s'ils le souhaitent". "Je me réjouis d'achever ma visite à Oran par cette rencontre avec la jeunesse d'Algérie, avec ses aspirations, sa soif de connaissance et son ouverture sur le monde et sur la France", a déclaré, hier, Jean-Marc Ayrault, Premier ministre français, devant les étudiants et les enseignants de l'Ecole nationale polytechnique d'Oran (Enpo). L'hôte de la ville d'Oran s'est adressé aux étudiants à qui il annoncera : "C'est à vous que nous devons d'ouvrir de nouvelles opportunités, alors que la situation est parfois si difficile pour ceux qui ont vingt ans, aujourd'hui, de part et d'autre de la Méditerranée." C'est incontestablement le dossier de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui a constitué l'axe principal de l'intervention du Premier ministre français qui était accompagné de son homologue algérien, Abdelmalek Sellal. Il rappellera, dans ce contexte, le programme Hubert Curien Tassili qui est riche de 105 projets. "Chaque année, 500 Algériens se forment en France et 75 chefs de projet viennent en Algérie dans la perspective de cette initiative." Cette coopération est forte des moyens qui lui sont allouées avec près de trois millions d'euros que la France consacre à l'Algérie. Ainsi, plus de 700 conventions lient les universités algériennes et françaises. Le Premier ministre français se réfère à l'écrivain algérien Kateb Yacine qui voyait dans la langue française "un butin de guerre" des Algériens. "Le français est bien plus qu'un outil de communication et porte des valeurs universelles. Cette langue, nous l'avons en partage. Ces valeurs, elles sont nôtres", dira Jean-Marc Ayrault. Il soulignera tout l'enjeu de la mobilité étudiante que la France, "qui a tourné la page du repli sur soi", souhaite promouvoir. Plus de 22 000 étudiants algériens suivent un cursus d'enseignement supérieur en France. "Ils peuvent être plus nombreux s'ils le souhaitent", dira-t-il. L'Ecole nationale polytechnique d'Oran (depuis octobre 2012) est liée à 15 établissements en France et à beaucoup d'autres, dans huit pays. Elle est aussi membre de l'Agence universitaire de la francophonie et participe à plusieurs projets européens au titre du programme Tempus. Il est également question de créer des instituts technologiques dans le cadre de la coopération entre les deux pays. Après leur ouverture pédagogique cette année, ces établissements accueilleront leurs premiers étudiants à la rentrée 2014. Auparavant, le Premier ministre français s'est rendu successivement à l'usine de ciment Lafarge d'Oggaz (Mascara) puis à l'usine Renault à Oued Tlétat. Cette visite illustre, on ne peut mieux, les enjeux de la nouvelle politique prônée par les deux pays. Le gagnant-gagnant a été de mise, puisque du côté français, la visite du Premier ministre à Oran a permis de mettre en évidence le programme permettant de booster le développement du partenariat économique entre les deux pays dans une logique gagnant-gagnant. Jean-Marc Ayrault et Abdelmalek Sellal, qui étaient accompagnés des délégations ministérielles des deux pays, ont insisté sur le fait d'intensifier le dialogue bilatéral. En 2012, l'Algérie a été le premier partenaire de la France sur le continent africain avec plus de 10 milliards d'euros d'échanges. Hors hydrocarbures, la France est le premier investisseur en Algérie. La valeur des échanges se traduit, en outre, par la présence en Algérie de 430 entreprises françaises, lesquelles emploient plus de 40 000 personnes, cela sans compter les 100 000 emplois indirects. Renault vient de lancer la construction d'une usine de montage dans l'Ouest algérien, près d'Oran. "Les travaux de génie civil de la future usine de véhicules Renault ont bel et bien démarré dimanche", a indiqué un chef du projet de la société mixte algéro-française, Renault Algérie production (RAP). Sur place, le Premier ministre a annoncé officiellement que la première voiture Symbol sortira de l'usine d'Oued Tlélat en novembre 2014. Le partenariat, âprement négocié depuis des années, permettra de produire dans un premier temps en 2014 au moins 25 000 véhicules. L'objectif est d'atteindre 75 000 unités annuellement. À terme, l'usine d'Oran verra sa capacité de production s'élever à 300 000 unités par an. Renault aura l'exclusivité pendant trois ans contre cinq prévus initialement. Mais il ne devrait pas rester le seul constructeur de voiture étranger en Algérie, puisque des pourparlers ont lieu avec l'Allemand Mercedes pour un projet similaire. L'Algérie est le deuxième plus grand marché automobile d'Afrique avec plus de 400 000 véhicules importés chaque année. Treize entreprises publiques et privées de sous-traitance d'Oran ont été retenues dernièrement dans le cadre du projet de l'usine automobile Renault Algérie implantée dans la daïra de Oued Tlélat. Jean-Marc Ayrault a cité le projet Renault en Algérie comme un nouveau modèle de coopération basée sur la co-localisation que les deux pays veulent élargir aux autres secteurs. Cette visite a aussi permis aux deux Premiers ministres, aux ministres et aux délégations des deux pays de voyager à bord du tramway avant de descendre à la place du 1er-Novembre 1954 et marcher à pied tout le long du boulevard Front de mer qui surplombe la splendide baie d'Oran, sous les ovations et les youyous. K. R-I Nom Adresse email