Samir Ould Ali Dans un discours prononcé à l'adresse des étudiants à l'Ecole Polytechnique d'Oran, en fin d'après-midi d'hier, le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a insisté sur la volonté algéro-française de mettre la jeunesse au centre des relations entre les deux pays. «C'est vous que nous voulons mettre au cœur de notre relation. C'est vous qui lui donnez tout son sens et la tournez vers l'avenir. C'est pour vous qu'il nous faut surmonter les difficultés du passé pour construire un avenir meilleur», a-t-il lancé en estimant que la visite effectuée, l'année dernière, par François Hollande marquait par le renouveau des relations franco-algériennes : «Un nouvel âge reposant sur la paix des mémoires.» Abordant la coopération universitaire entre les deux rives, le Premier ministre a indiqué que son pays avait lancé plusieurs programmes ambitieux pour participer aux réformes pour la modernisation de l'enseignement supérieur, notamment par la rénovation de l'Ecole nationale supérieure, la création de l'école préparatoire, la mise en place du pôle d'excellence technologique et de formation à la culture managériale et la création d'entreprises au profit des jeunes cadres algériens prêts à s'insérer dans le tissu économique. Il a, par ailleurs, annoncé que les Instituts technologiques, projet-phare de la coopération algéro-française, dont l'ouverture pédagogique devrait avoir lieu lors de la prochaine rentrée universitaire, devraient assurer aux étudiants (Bac+3) une formation de techniciens et cadres intermédiaires répondant aux besoins des entreprises. Cette implication française dans la modernisation de l'enseignement supérieur se traduira également, selon M. Ayrault, par le soutien de l'ensemble du réseau des instituts universitaires et technologiques français et contribuera au rapprochement et au renforcement des enseignants des deux rives de la Méditerranée. La France, a-t-il indiqué, consacrait annuellement trois millions d'euros au dossier de la coopération universitaire. Le Premier ministre français, qui s'exprimait en présence de son homologue algérien, Abdelmalek Sellal, a souligné que la France a pris des mesures inédites pour faciliter la délivrance de visas à ceux qui participent «à la vitalité de nos relations bilatérales», et notamment les étudiants. «Plus de 22 000 étudiants Algériens suivent un cursus d'enseignement supérieur en France. Ils peuvent être plus nombreux, s'ils le souhaitent», a-t-il assuré. Plus tôt dans la journée, la délégation française, accompagnée du Premier ministre algérien, s'était rendue à la cimenterie Lafarge, dans la région d'Oggaz, wilaya de Mascara, et à l'usine de montage des véhicules Renault Algérie, dans la daïra d'Oued Tlélat, qui, avec le tramway d'Oran, constituent les «symboles» de la coopération économique entre les deux pays. Dans un bref commentaire, le ministre français du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a qualifié Renault-Algérie de «partenariat de co-localisation exemplaire, gagnant pour la France, gagnant pour Renault et gagnant pour l'Algérie». Le ministre a, notamment, assuré que son gouvernement a veillé à ce qu'il n'y ait pas de clause de réexportation des véhicules produits vers la France «de manière à ce que ce soit un partenariat gagnant-gagnant». La journée a été ponctuée par une petite virée en tramway et une balade pédestre le long d'un boulevard du Front de mer, pour l'occasion, interdit à la population. En réponse aux questions des journalistes sur l'état de santé de Abdelaziz Bouteflika que M. Ayrault avait rencontré la veille à Alger, le Premier ministre français dira : «L'entretien de 45 minutes s'est très bien passé, c'est quelqu'un de très courageux après sa maladie [...]. Il est très bien informé sur les dossiers. J'ai été très surpris qu'il suive à ce point la situation.» «Il m'a dit notamment ‘‘soyez fiers de ce que vous avez fait au Mali, dites-le au président Hollande''», ajoutera M. Ayrault. S. O. A.