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Un ex-chef des GI's avertit sur le regain d'activité de la mouvance terroriste
Washington redoute un retour en force d'Al-Qaïda
Publié dans Liberté le 19 - 12 - 2013

Alors que l'ex-patron des armées américaines – en opération en Afghanistan, en Irak et en stationnement dans les pays du Golfe, en Arabie Saoudite, au Qatar et au Koweït, et en Asie du Sud-Est – a averti la semaine dernière de la remontée d'Al-Qaïda décapitée, mais qui renaît de ses cendres, le secrétaire d'Etat de l'administration Obama vient d'avouer que son pays a pris langue avec la franchise syrienne de la multinationale djihadiste.
Les Etats-Unis chercheraient, a-t-il expliqué à Manille, à "élargir la représentation de l'opposition à la conférence de Genève II sur la Syrie". Selon lui, ces discussions avec le Front islamique pourraient inclure d'autres représentants, de la France et du Royaume-Uni notamment.
La franchise syrienne d'Al-Qaïda, qui dit fédérer six grands groupes djihadistes, ne reconnaît pas l'autorité de la Coalition nationale syrienne (CNS), principale vitrine politique de l'opposition contre le régime de Bachar Al-Assad. Concernant ces djihadistes, un rapport du Centre international pour l'étude de la radicalisation (ICSR) (Grande-Bretagne) estime qu'entre 3000 et 11 000 terroristes venant de plus de 70 pays, dont un nombre croissant d'Europe occidentale, ont rejoint les rangs des djihadistes.
Pas plus tard que la semaine dernière, un général américain à la retraite et pas des moindre, James Mattis, qui a commandé de 2010 à 2013 le commandement central de l'US Army, en charge notamment du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud-Est, a publiquement discrédité les hurrahs de victoire poussés par sa hiérarchie et ses pairs à l'assassinat d'Oussama Ben Laden par la fine fleur des forces spéciales US, les fameux commandos Navy Seals, qui se sont révélés prématurés, a-t-il souligné devant une conférence internationale regroupant des opérationnels de la lutte anti-terroriste et de leurs hommes de l'ombre. Paroles de général : Al-Qaïda, à la faveur notamment de la guerre en Syrie, a montré qu'aujourd'hui elle est plus forte et plus dangereuse que jamais.
Cet aveu a été proféré par un cinq étoiles qui a commandé de 2010 à 2013 le commandement central de l'US Army, en charge notamment du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud-Est dans un colloque organisé par le groupe de réflexion Jamestown. James Mattis a jeté le froid sur ses auditeurs en assurant que la nébuleuse de Ben Laden est résiliente, qu'elle s'adapte aux situations, contextes et conjonctures. En effet, sans être généralissime, le commun des mortels aura constaté que si les dirigeants d'Al-Qaïda sont traqués, assassinés comme leur mentor Ben Laden, à coups de missiles tirés par des drones américains, dans la zone pakistano-afghane, au Yémen ou en Somalie, le mouvement lui est toujours en expansion. Voilà longtemps qu'il s'est franchisé, profitant ainsi d'un nombre croissant de sanctuaires en activités et de cellules dormantes prêtes à se renouveler et en attente d'action. Al-Qaïda a fait des émules au Maghreb, au Moyen-Orient, en Afrique de l'Est, dans le Sahel saharien et au cœur du continent noir. Tout comme elle continue de menacer l'Europe et l'Amérique.
Aux états-Unis, l'heure est d'ailleurs au pessimisme, après l'euphorie de l'élimination de Ben Laden en 2011 au Pakistan.
La présidente de la commission du renseignement au Sénat avait mis les pieds dans le plat, début décembre : "Le terrorisme est en hausse dans le monde. Les statistiques le montrent, le nombre de victimes augmente. Il y a plus de groupes, encore plus radicaux, davantage de djihadistes déterminés à tuer pour atteindre leurs objectifs."
L'expert du terrorisme Bruce Hoffman de l'université de Georgetown en rajoute une bonne couche par son explication de la remontée en cadence du phénomène : "L'oxygène qui alimente Al-Qaïda est son accès à des sanctuaires et des zones où depuis les deux dernières années elle peut opérer de nouveau." En effet, ses franchises sont installées dans de nombreux espaces non gouvernés, comme la frontière pakistano-afghane, les zones tribales du Yémen, dans des pays difficiles à contrôler, à l'image de la Somalie, des poches géographiques abandonnées à leur propre sort ou dans des pays en guerre, comme la Syrie.
Justement, la guerre civile dans ce pays a été pour le djihadisme international une aubaine comme il n'en avait pas bénéficié depuis l'insurrection antisoviétique en Afghanistan, ont estimé les intervenants au colloque.
D. B
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