"La question du Sahara Occidental reste une question de décolonisation et renvoie au principe d'autodétermination du peuple sahraoui." C'est l'une des conclusions du rapport de la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples (CADHP) dont Liberté détient une copie. Dans ce document, présenté en mai dernier au Conseil exécutif de l'Union africaine (UA), la CADHP révèle également que les "autorités politiques et la société civile sahraouies sont fortement mobilisées autour de la question de l'autodétermination et de la future indépendance de leur territoire occupé par le Maroc". Suite à une décision prise par l'UA, demandant à la CADHP d'entreprendre une mission dans les territoires sahraouis, pour enquêter sur les violations des droits de l'Homme, une mission a été effectuée du 24 au 28 septembre 2012 par une délégation conduite par Catherine Dupe Atoki, présidente de la Commission et présidente du Comité pour la prévention de la torture en Afrique. Devant le refus des autorités de Rabat de laisser les 6 commissaires de l'UA entrer dans les territoires sahraouis occupés, la délégation s'est alors rendue dans le territoire libéré de la République sahraouie (Rasd) et du côté du "mur de séparation". Elle a en outre visité 3 camps de réfugiés (Rabouni, Smara et camp du 27-Février), ainsi que d'autres institutions et infrastructures sahraouies. Elle s'est entretenue avec "différents acteurs" sahraouis, dont le président de la Rasd, des ministres, des femmes parlementaires, le responsable du Croissant-Rouge sahraoui et les membres de la société civile (Afapredesa, Nova...), de même qu'avec les militants des organisations humanitaires étrangères intervenant dans les camps des réfugiés. Par ailleurs, elle a rencontré, notamment les représentants du HCR, du PAM et de l'Unicef, ceux de la Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara Occidental (Minurso) et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). À la suite de ces visites et entretiens, la délégation a présenté ses observations et conclusions, dans lesquelles elle accable le royaume chérifien, responsable des "violations de droits de l'Homme" dans les territoires occupés. Selon elle, l'absence de "solution tangible au conflit" risque d'entraîner "des frustrations et la perte de patience, avec leur cortège de conséquences désastreuses pour les populations sahraouies". De plus, indique-t-elle, les raisons du report du référendum d'autodétermination sont attribuées aux "obstructions du Maroc et de ses alliés au Conseil de sécurité des Nations unies, qui persistent à bloquer le processus d'autodétermination". Se basant sur les témoignages des militants sahraouis qu'elle a rencontrés, sur les cicatrices constatées sur le corps de plusieurs d'entre eux et infligées "par les forces de sécurité marocaines, au cours des manifestations ou sous la torture", ainsi que sur un documentaire filmé retraçant "les violences physiques, morales et sexuelles" subies par une jeune fille sahraouie en territoire occupé, suivies de témoignages de femmes présentant des "hématomes sur différentes parties de leur corps", la délégation fait état de la "suppression de la liberté d'expression et de la censure constante exercée contre les médias sahraouis", ainsi que de "la surveillance" des Sahraouis favorables à "l'indépendance du Sahara Occidental" et qui veulent "faire connaître la réalité de la dure situation (...) en territoire occupé". Plus loin, elle aborde la détérioration des conditions de vie dans les camps de réfugiés, rendue possible par "l'environnement hostile du désert", "la grave pénurie d'eau" et "l'insuffisance de services sociaux de base", ainsi que par la "baisse régulière" de l'aide humanitaire et de "la malnutrition". Non sans noter le danger du mur de séparation, gardé "par quelque 150 000 soldats marocains stationnés dans des places fortifiées et contaminées par quelque 5 000 000 de mines antipersonnel" qui ont déjà fait de nombreuses victimes parmi les Sahraouis. Dans ses recommandations, elle appelle l'UA à faire de la question de l'autodétermination du peuple sahraoui "l'un des points prioritaires de son agenda" en l'invitant à faire appel au Conseil de sécurité et surtout "l'engager à ce que le suivi des violations des droits de l'Homme en territoire occupé soit inclus dans le mandat de la Minurso". H. A Nom Adresse email