À quarante-huit heures du début du contrôle des sites suspects, Bush se fait toujours menaçant alors que Moscou et Paris rappellent que c'est à l'ONU de décider et non à Washington. Les trente-trois inspecteurs de l'ONU, chargés de préparer la reprise des inspections en Irak, intensifient les préparatifs pour entamer après-demain leur travail sur le terrain. Vingt tonnes de matériels de télécommunications et d'ordinateurs ont été acheminées de Larnaca (Chypre) à Bagdad par cinq autres inspecteurs. Entre 80 et 100 inspecteurs sont attendus en Irak, avant le début des opérations de contrôle, que mèneront conjointement l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection de l'ONU (Cocovinu). Les visites commencent par les sites soupçonnés de produire des armes prohibées et qui avaient été placés sous surveillance de la précédente commission, qui avait la charge de désarmer l'Irak. En attendant le début des opérations de contrôle, George Bush poursuit sa campagne de menaces vis-à-vis du régime de Saddam Hussein. De Bucarest, où il était en visite, le président américain a lancé une nouvelle mise en garde à son homologue irakien, qu'il a qualifié de “dictateur agressif”. “Le Conseil de sécurité des Nations unies et maintenant l'Otan ont parlé d'une seule voix : le régime irakien doit s'autodésarmer”, a déclaré Bush, avant d'ajouter : “Sinon, nous allons diriger une coalition de nations déterminées, pour désarmer ce régime au nom de la paix.” Son secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, propose, quant à lui, à Saddam de désarmer s'il veut garder le pouvoir. Etrange proposition quand on sait que l'objectif avoué de Bush est de renverser le président irakien. La position américaine est loin d'être partagée par Moscou et Paris, qui ne manquent pas de rappeler à Washington que c'est au Conseil de sécurité de l'ONU de décider si Bagdad a respecté ses engagements ou pas et non à Washington de le faire. C'est à la suite d'un communiqué américain annonçant que Bush et Poutine avaient menacé l'irak de “sérieuses conséquences”, s'il ne respectait pas “totalement et sans condition” la résolution 1 441 de l'ONU, à l'issue de leur rencontre à Saint-Petersbourg, que le chef du Kremlin s'est empressé de souligner que la communauté internationale devait rester dans le cadre de la résolution. Il désavoue ainsi toute velléité d'action unilatérale des Etats-Unis. Le président français s'est déclaré quant à lui optimiste quant aux chances d'éviter la guerre. “Je souhaite que ces contrôles fassent apparaître qu'il n'y a pas d'armes de destruction massive ou que, s'il y a des armes de destruction massive, elles seront détruites. À partir de là, j'espère qu'il n'y aura plus de raison de faire la guerre”, a affirmé Jacques Chirac. Pour rappel, Bagdad a jusqu'au 8 décembre pour déclarer les armes de destruction massive en sa possession, selon les dispositions de la résolution 1 441. Aujourd'hui, le conseil de sécurité de l'ONU devrait renouveler pour une durée de six mois le programme “pétrole contre nourriture” pour réduire l'impact des sanctions contre l'Irak sur les populations civiles. K. A.