Même si aucune preuve n'a été trouvée sur l'existence d'armes prohibées en Irak par les techniciens onusiens, la Maison-Blanche ne relâche pas la pression sur Bagdad. Le bilan présenté par Hans Blix et Mohamed El Baradei devant le Conseil de sécurité n'a pas changé d'un iota la position américaine vis-à-vis de l'Irak. Les Etats-Unis demeurent le seul pays à refuser la poursuite des inspections, alors que même Londres semble se rallier à la position de Paris et de Berlin en acceptant un nouveau rapport des inspecteurs à la mi-février. En effet, Jeremy Grenstock a donné son accord pour cette possibilité, tout en la conditionnant par une coopération à 100% de l'Irak. Washington reste donc le seul membre du Conseil de sécurité à s'opposer à la poursuite des inspections. Par la voix de Colin Powell, les Etats-Unis rappellent que “le temps dont dispose l'Irak pour choisir de désarmer pacifiquement arrive rapidement à sa fin”, sans oublier d'insister sur le fait qu'ils “se réservent le droit, en tant que nation souveraine, d'utiliser la force avec d'autres pays qui sont du même avis”. L'Administration américaine campe ainsi sur sa position, à moins que le discours que Bush devait prononcer hier soir ne fournisse de nouvelles données. Le président américain a même décidé de déclassifier des informations des services secrets, prouvant que l'Irak a déplacé et caché des armes interdites pour les soustraire aux inspecteurs de l'ONU. Ces informations pourraient être rendues publiques dès la semaine prochaine, dans l'espoir de convaincre les alliés récalcitrants et l'opinion américaine qui doute de la nécessité de recourir à la force contre l'Irak. “Nous allons exposer cette affaire et nous laisserons les autres en juger”, a révélé au Washington Post un haut responsable américain, sous le couvert de l'anonymat. Selon lui, le déplacement d'armes intervenait parfois quelques heures seulement avant l'arrivée des inspecteurs. Cette affirmation ne convainc cependant pas les observateurs, du moment que les équipes d'inspecteurs n'informent les responsables qu'à la dernière minute avant le départ. Bush n'a plus cependant d'autre choix pour rallier les opposants à sa cause que de rendre publiques les informations en sa possession. Ceci dit, bien que le rapport de Blix et d'El Baradei soit jugé sévère, les deux responsables insistent sur la nécessité de leur accorder plus de temps pour achever leur travail. Jusqu'à maintenant, il n'existe aucune preuve sur l'existence d'armes prohibées en Irak. En revanche, il n'en existe pas non plus quant au fait que le régime de Saddam Hussein ait détruit tout son arsenal d'armement interdit, comme le soutient Washington. À l'issue de trois jours de travaux, le Conseil de sécurité devrait accorder aujourd'hui un délai supplémentaire aux inspecteurs pour poursuivre leur mission, comme le réclament Blix et El Baradei. Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique estime que “ces quelques mois seraient un investissement pour la paix, car ils pourraient nous aider à éviter la guerre”. K. A.