Résumé : Il s'appelait Hassen, et le plus beau c'est qu'il s'était rappelé son prénom. Un nom de fleur, lui avait-il dit. Elle avait tenté de justifier sa venue, mais il l'avait devancée en lui déclarant qu'elle n'avait pu résister à le revoir. Lui aussi avait ressenti ce coup de foudre qui les a foudroyés... Il était marié... oui... Mais il n'avait cessé de penser à elle... Il avait vu juste, et elle s'en voulut de ne pas pouvoir se défendre. Elle garde le silence et baisse les yeux. Il reprend : -Camélia... J'ai senti l'amertume de ton âme alors que tu regardais mon alliance. Il retire l'anneau en or qui ornait son annulaire gauche et le dépose devant elle : -C'est cet anneau qui me déprime et empoisonne mon existence... Et c'est cet anneau qui m'éloigne de toi... Ce petit "cercle vicieux" fait de moi l'esclave d'une vie que je n'ai pas choisie... Enfin, je veux dire que je n'ai pas prévue... Elle l'interroge du regard et il poursuit : -Je suis marié depuis cinq ans... J'ai un enfant de trois ans... Il est adorable... C'est grâce à lui que j'ai réappris à vivre. Si... si tu savais, Camélia, quel genre de vie je mène ! Elle secoue sa tête : -Je ne comprends pas... Tu es marié et père d'un enfant... Tu as choisi ta compagne dans ce monde, et tu n'es pas heureux.... -Non... Et depuis que je t'ai vue, je me sens encore plus malheureux. Il se passe une main dans les cheveux : -Nous sommes si vulnérables, nous les humains...Nous sommes emportés telles des feuilles mortes de l'automne par le vent de l'existence... Chacun de nous tente de retrouver sa place dans ce monde...Hélas ! Ce n'est pas tout le monde qui réussit. -Cesse donc de raconter des balivernes. Tu sembles être comblé et heureux... Tu as un enfant qui semble tout représenter pour toi, et sûrement une femme jeune, belle et intelligente. Il rit : -Belle, oui... Intelligente, je ne sais trop quoi te répondre. Il la regarde dans les yeux : -Les femmes sont diaboliques, Camélia.. -Merci pour le complément... Il rit encore : -Pas toutes heureusement ! Toi... je suis certain que tu ne l'es pas... Tu as un visage si angélique, si franc... -Les apparences sont trompeuses... -Pas toutes... Il se croise les doigts et lance : -Lorsque j'ai connu Wassila, j'étais encore sur les bancs de la faculté. Elle venait de terminer sa formation et enseignait dans un lycée. Nous nous sommes rencontrés lors d'un séminaire sur la prévention médicale en milieu scolaire. J'étais en dernière année de médecine. Quelques mois plus tard, je décrochais mon diplôme de médecin généraliste. Ne voulant pas m'arrêter là, je m'apprêtais à entamer une spécialité. Je décroche rapidement un poste dans un hôpital de proximité, et comme je ne travaillais que deux journées par semaines, j'avais donc l'opportunité d'étudier à ma guise. Un jour, je reçois un vieil homme dans un état assez grave. Il était diabétique, et sa glycémie avait dépassé de loin la norme requise... Je tente alors l'impossible pour le sauver, mais il était écrit qu'il allait passer de vie à trépas. J'entendais alors une femme pleurer dans les couloirs. Quelle ne fut ma surprise en reconnaîssant Wassila ! Elle m'apprendra que ce vieillard était son père, et que maintenant elle allait se retrouver seule et orpheline, étant donné que sa mère était déjà décédée. La prenant en pitié, je fis de mon mieux pour la consoler. Elle était jeune, belle, et travaillait... Donc à l'abri du besoin... Ne voulant pas l'abandonner dans un moment aussi douloureux, je me voyais dans l'obligation de l'accompagner jusqu'à la maison et de l'aider à traverser cette étape. Elle m'en sera reconnaissante. Quelques jours après cet évènement, alors qu'elle faisait encore le deuil de son père, elle vint me retrouver à l'hôpital pour me remercier. Comme je me sentais moi aussi un peu seul et délaissé, du fait que j'étais loin des miens, je trouvais sa compagnie fort agréable. Hassen s'arrête. On venait de frapper à la porte, et une seconde plus tard, l'assistante vint lui annoncer que des patients commençaient à affluer, et que les premiers arrivés s'impatientaient. Camélia se lève : -Je te laisse travailler. Il se lève lui aussi, et contourne son bureau : -Promets-moi de revenir bientôt. Y. H. (À suivre) Nom Adresse email