Le projet de la FAF sur le plafonnement des salaires des joueurs de football, dont Liberté a révélé hier le contenu, ne comporte pas que des avantages. Si ce projet permet à moyen terme, effectivement, de régler peu à peu la crise financière des clubs dont les masses salariales absorbent la majorité du budget de fonctionnement, il n'en demeure pas moins qu'il comporte des risques. En effet, un plafonnement des salaires à 120 millions de centimes risque d'avoir des répercussions négatives sur le niveau de la Ligue 1 algérienne dans le sens où les joueurs algériens, du moins les plus talentueux, seraient tentés par une expérience chez les pays voisins où les salaires seront nettement meilleurs et où, surtout, la question de plafonnement des honoraires n'est pas à l'ordre du jour. À défaut de l'Europe, la Tunisie et le Maroc pourraient, du coup, devenir la Mecque de ces footballeurs en quête, légitimement, d'un meilleur pouvoir d'achat. "Franchement, avec un salaire au rabais, et la possibilité d'avoir mieux ailleurs, je pense que je serais tenté par une expérience en Tunisie", note le meneur de jeu de la JS Saoura, Kaddour Beldjilali, qui avoue avoir des constats très sérieux avec le club de Sfax, mais qui n'est pas maître de son sort, puisque il est encore sous contrat avec le club du sud jusqu'en 2015. Avec des joueurs de la trempe de Beldjilali qui n'auraient peut-être pas la chance d'aller en Europe, les pays voisins pourraient constituer, donc, une solution de rechange ou de sauvetage devant la limitation des salaires en Algérie. Du coup, les Ferhat, Beldjilali, Gourmi, Belamri, Boulemdaïs et autres Sylla et Rebih seront plutôt enclins à suivre le chemin déjà choisi par les Bounedjah, Lemmouchia, Djabbou et Antar Yahia. Autre risque, c'est de voir les joueurs africains fuir le championnat d'Algérie, car peu rémunérateur. Même les joueurs émigrés, qui ont trouvé en Algérie une chance de rebondir, n'auront plus tellement des envies de retour aux sources. "C'est clair qu'avec une disposition pareille, il faudra réfléchir deux fois avant de venir en Algérie", nous a confié hier un joueur émigré, qui a préféré, pour des raisons évidentes, garder l'anonymat. Un exode massif vers la Tunisie et le Maroc n'est pas à écarter Pour rappel, le Supplément Sport de Liberté, paru dans notre édition d'hier, a révélé que l'avant-projet de la FAF sur le plafonnement des salaires des joueurs de football, actuellement en voie de finalisation au niveau de la fédération, explique clairement les modalités pratiques d'une telle grille de salaires. Le document précise qu'un joueur international de Ligue 1 touchera, désormais, soit à partir de la saison 2014-2015, un salaire maximal de 120 millions de centimes. Un élément évoluant en Ligue 2 percevra une rémunération maximale de 80 millions de centimes. Le projet, qui devrait être soumis à l'aval d'une assemblée extraordinaire de la FAF, sera donc obligatoire dès la saison prochaine. Autrement dit, tout contrat d'un joueur de Ligue 1 ou Ligue 2, ne répondant pas aux exigences de cette grille, sera automatiquement rejeté par la Ligue professionnelle de football qui gère les compétitions nationales. Si, par exemple, un club de Ligue 1 envoie un dossier de demande de licence avec un salaire dépassant les 120 millions, il sera rejeté et le joueur en question pourrait même être privé de licence, donc de jouer, si le club concerné s'entête à maintenir sa demande. Cependant, l'avant-projet prévoit que les contrats, qui seront encore en cours de validité la saison prochaine, doivent être respectés. En effet, le contrat faisant loi, le club doit donc respecter le versement du montant du salaire accordé au moment de la signature du contrat de travail. Une fois le contrat arrivé à terme, les dispositions de la grille de la FAF doivent être appliquées même si cela implique une baisse sensible du salaire. La FAF a d'ailleurs prévenu les clubs que tout avenant sur contrat signé durant le présent mercato doit déjà respecter les exigences de la fédération. Les présidents de clubs ont donné leur accord pour un tel projet. Il faut dire qu'ils n'ont plus vraiment le choix avec la crise financière qui touche la majorité d'entre eux. C'est soit cette option de plafonnement de salaire, soit le dépôt des bilans qui aurait dû, du reste, être prononcé contre eux si la loi avait été strictement respectée par les pouvoirs publics. Pour la première fois donc, il y a une vraie volonté des dirigeants de clubs de coopérer avec la FAF afin de sortir le football algérien de la crise. Reste l'avis des joueurs aussi. S L Nom Adresse email