Parmi les noms touareg référant aux animaux, il y a le prénom masculin Afertekoum. Il désigne le criquet, ou plus exactement la sauterelle voyageuse quand elle ne vole pas. Les sauterelles ont souvent été décrites, par les Anciens, comme l'un des fléaux du Maghreb. Le poète africain, Corripus décrit ainsi une de ces invasions : " Telles les sauterelles, vers la fin du printemps, quand l'auster (vent du sud) souffle sous les astres, tombent en se disséminant sur les campagnes de la Libye. Les agriculteurs s'inquiètent et leur cœur tremble de voir l'horrible fléau détruire les récoltes, anéantir les fruits tendres encore, dévaster les jardins verdoyants ou abîmer les fleurs de l'olivier, pointant sur les rameaux flexibles". Des tribus avaient dû abandonner leur territoire à la suite d'invasion de sauterelles et, selon, Pline, il existait une loi en Cyrénaïque, obligeant les gens à détruire les œufs de sauterelles. Ceux qui se dérobaient à ce devoir étaient sévèrement châtiés. Calamité, les sauterelles ne sont pas moins recherchées comme nourriture par les populations, notamment, des zones désertiques. L'acridophagie –ou la consommation de sauterelles est une pratique très ancienne chez les Berbères. Elle est attestée depuis la préhistoire ainsi qu'en témoigne l'abri de Tin Hanakaten, dans le Tassili des Ajjers, où on a retrouvé, dans l'une des couches de ce gisement, des pierres plates, déposées sur un lit de charbon, et à côté de ces pierres, des débris de sauterelles. Les auteurs de l'antiquité ont largement évoqué, à propos de la Libye, cette pratique alimentaire. Dès que les sauterelles arrivaient, on leur faisait la chasse. Hérodote évoque les Nasamons, peuplade de la Syrte : "Les Nasamons vont à la chasse des sauterelles, les font sécher au soleil, et, les ayant réduites en poudre, ils mêlent cette poudre avec du lait, qu'ils boivent ensuite". (Hérodote, l. 4, 172). Cette pratique s'est perdurée dans les régions sahariennes où la sauterelle constitue une nourriture appréciée. Les Sahariens en consomment, fraîches, en leur arrachant la tête, les ailes et les pattes, en les faisant bouillir ou en les faisant cuire sur la cendre, en les grillant ou alors, pour les conserver, en les réduisant en farine. Aujourd'hui, on reconnaît aux sauterelles et aux autres insectes, des vertus alimentaires incontestables. De nombreux pays tentent de promouvoir la consommation d'insectes, non seulement, pour nourrir le bétail mais pour servir d'appointement à l'alimentation humaine. M. A. [email protected] Nom Adresse email