Ali Laârayedh, Premier ministre sortant, a remis officiellement, jeudi, sa démission au président de la République, Moncef Marzouki. Cette dernière était prévue pour mercredi, comme annoncé fin décembre. Sa démission intervient après un accord conclu entre la coalition au pouvoir et les partis d'opposition et qui doit permettre de sortir le pays de la profonde crise politique qu'il traverse depuis plusieurs mois. Mehdi Jomaâ, ministre sortant de l'Industrie, va lui succéder. Il sera chargé de former un gouvernement "d'indépendants" en vue d'organiser des législatives et une présidentielle dans les six mois à venir. "Comme je m'y étais engagé il y a un moment (...), je viens de présenter la démission du gouvernement", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. "Le président m'a chargé de poursuivre la supervision des affaires du pays jusqu'à la formation du nouveau gouvernement présidé par Mehdi Jomaâ", a-t-il précisé. Ministre de l'Industrie sortant, Mehdi Jomaâ a été choisi en décembre par la classe politique pour succéder à Ali Laraâyedh afin de former un gouvernement "d'indépendants" et conduire le pays vers des élections d'ici l'été. Il faut dire que la formation, tard mercredi soir, de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), condition-clé pour le départ du pouvoir des islamistes d'Ennahda, a ouvert la voie à cette démission. Dans la nuit de mercredi à jeudi et alors que la Constituante espère adopter le projet de Constitution avant le 14 janvier, pour le 3e anniversaire de la chute du régime Ben Ali, des heurts secouent plusieurs villes pauvres du pays, sur fond de révolte fiscale. Cette révolte fiscale fait référence à la création de nouvelles taxes sur les moyens de transports privés et professionnels, dont se nourrissent les protestations, notamment les régions de Kasserine et Sidi-Bouzid, largement touchées par la pauvreté et foyers de la révolte populaire du 14 janvier 2011. Des revendications jugées "légitimes" par le syndicat UGTT. De son côté, le parti islamiste Ennahda, encore au pouvoir, a affiché sa "compréhension face à ces mouvements de protestation" et appelé à "réviser" ces nouvelles taxes, qu'il a pourtant approuvées lors de l'adoption de la loi de finances en décembre. Plusieurs bâtiments officiels ont été incendiés à Feriana et Meknassy, dans le centre-ouest déshérité de la Tunisie. À Feriana, dans la région de Kasserine, la recette des impôts, un poste de police, une banque et un bâtiment municipal ont été incendiés. À Meknassy, dans la région de Sidi-Bouzid, un commissariat a été incendié et deux voitures de police brûlées. Là encore, les forces de l'ordre ont répliqué aux jets de pierres par des gaz lacrymogènes. I. O. Nom Adresse email