Dieudonné nous manque. Si la presse parisienne a trouvé un client coriace en la personne de l'humoriste franco-camerounais, la presse algérienne a beaucoup moins de chance : elle a Amar Saâdani. Car, après la récente montée de fièvre aux Tagarins contre la presse algérienne, c'est le "SG" du FLN qui s'y met aussi, en y allant de sa petite leçon de morale (si morale est un mot qui peut être conjugué avec Saâdani, bien sûr). "L'homme qui parle à la place de Bouteflika", car il faut bien lui trouver un surnom convenable, critique la couverture de la presse à son égard et distribue les mauvais points. Evidemment, cela n'a fait rire personne. Après l'ANP, le DRS, Sellal, Belkhadem, Belayat, l'opposition, les constitutionnalistes et les gérants des salles des fêtes, Saâdani s'en prend à ceux qui lui donnent la parole. Hélas ! Au-delà du fait que les journaux sont libres de choisir leurs sujets et la manière de les traiter (cela s'appelle la ligne éditoriale), la presse algérienne n'a pas attendu Saâdani pour savoir faire son travail. Certes, la presse algérienne n'est en aucun cas détentrice du monopole de l'éthique, mais elle peut tout de même choisir le modèle de respectabilité de ceux qui peuvent lui en donner. Et à ce qu'on sache, Saâdani n'est pas encore prix Nobel de la liberté d'expression. Mais cette attaque pathétique contre la presse dissimule mal, en fait, une lente descente aux enfers de son auteur. À force de tirer sur tout et n'importe qui, le natif d'El-Oued (ou de Gafsa, qu'importe) a repris de plus belle les percussions sonores, quitte à se retrouver bientôt tout seul et sans auditoire. Trouver un bouc émissaire à ses propres ennuis est vieux comme le monde, cette fois-ci, c'est la presse algérienne qui est ciblée par cet infatigable et néanmoins fatigant donneur de leçons. Donc, on a le Dieudonné qu'on mérite. Sauf qu'il faut reconnaître à Saâdani quelques fulgurances d'humour qui peuvent nous arracher un petit rire. Par exemple, quand Saâdani critique le DRS en particulier, ou les militaires en général, se posant comme le défenseur d'un "Etat civil", il y a de la place pour rigoler. Venant d'un civil qui a fait un "putsch" juste pour prendre le FLN, y a de quoi. M B Nom Adresse email