Il est bien le seul à nous faire miroiter un troisième âge pétro-gazier, au moment où beaucoup d'experts avertissent quant au déclin imminent du pétrole. Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a annoncé, récemment, que l'Algérie envisage de doubler sa production de gaz naturel d'ici à 10 ans et d'augmenter de 50% celle du pétrole brut. Il en est convaincu. 32 nouvelles découvertes ont été réalisées lors de l'année qui vient de s'écouler, dont 29 par Sonatrach. Selon le ministre, ces découvertes représentent trois fois plus que ce qui a été réalisé en 2012. Des chiffres confirmés avant-hier par le P-DG de Sonatrach, qui a ajouté que 93 forages pétroliers ont été réalisés contre 76 en 2012. Une performance jamais atteinte auparavant en Algérie, au moment où la compagnie est ébranlée par des scandales, là aussi, sans précédent. Comme dans une surenchère verbale, conjoncture préélectorale oblige, derrière le pupitre, les responsables se bousculent pour faire la promotion du bilan du président de la République. Et le secteur de l'énergie n'y échappe pas. Youcef Yousfi semble, à l'évidence, vouloir se dérober. De l'avis même de l'ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, dans ce secteur, "la situation est très difficile". Il est en récession depuis plus de six ans, soit pour des raisons techniques, soit pour des raisons commerciales ou autres. L'ancien ministre des Finances a même suggéré "un audit très sérieux du secteur de l'énergie". Benjamin Augé, chercheur associé au Centre Energie et au programme Afrique sub-saharienne à l'Institut français de recherches internationales et rédacteur en chef de la lettre d'informations Africa Energy Intelligence, relève dans une note que les investissements des entreprises pétrolières étrangères décroissent significativement en Algérie depuis la loi sur les hydrocarbures de 2005. Le manque d'attractivité du pays s'est encore aggravé lors de la mise en place de la taxe sur les profits exceptionnels adoptée en 2006. Ces conditions difficiles, qui se sont traduites par une rentabilité amoindrie des projets, ont fait perdre beaucoup de temps au pays. Les chiffres sur le forage avancés par le P-DG de Sonatrach "peuvent paraître comme un signe positif d'activité soutenue, et cela démontre aussi que les compagnies étrangères n'explorent guère dans le pays". Toujours selon Benjamin Augé, entre 2005 et 2012, la production pétrolière est passée de 2 millions de barils par jour à 1,66 million. De même pour le gaz, le débit a chuté de 88,2 milliards de mètres cubes à 81,5. Si les revenus se sont plutôt maintenus, voire ont augmenté, pendant cette période, c'est uniquement grâce à la hausse du cours du baril, qui a atteint 147 dollars, en juillet 2008, pour osciller ensuite aux alentours d'une moyenne comprise entre 80 et 100 dollars. Autres signes de la situation difficile du secteur de l'énergie, la baisse de 8,67% des exportations d'hydrocarbures en 2013, selon les derniers chiffres des Douanes algériennes. C'est également en 2013 que l'Algérie a renoncé à exécuter un contrat de livraison de gaz naturel liquéfié à l'Egypte. La réalisation du projet de gazoduc algéro-italien a également été reportée. Des contrats de livraisons de gaz naturel, arrivés à terme, n'ont pas été renouvelés par Sonatrach ces trois dernières années. L'actuel ministre de l'Energie et des Mines est bien le seul à nous faire miroiter un troisième âge pétro-gazier, au moment où beaucoup d'experts avertissent quant au déclin imminent du pétrole. L'expert international en énergie, Tewfik Hasni, a affirmé sur les ondes de la web-radio Maghreb Emergent que "le potentiel en énergie fossile de l'Algérie n'est pas de 50 ans, mais de 20 ans". Une situation accentuée par le bouleversement du marché mondial de l'énergie qui est en train d'évoluer à une allure vertigineuse. L'émergence du gaz et du pétrole de schiste dans les balances énergétiques des Etats-Unis est en train de bouleverser la donne internationale sur le marché fluctuant de l'énergie. En Europe, en plus de la concurrence avec la Russie et le Qatar, certains pays, comme l'Allemagne, semblent s'intéresser de plus en plus au charbon. M. R. Nom Adresse email