L'essentiel des subventions n'est pas injecté dans les aides à la production de lait cru. Le nombre de génisses importées pour faire augmenter la production laitière est en croissance. En 2013, "l'Algérie a importé 120 000 têtes", a indiqué une source sûre proche de la filière. La prise de conscience que l'avenir de cette filière est dans la production locale de lait cru est sensible. Mais ce n'est pas suffisant, indique un spécialiste, car il ne suffit pas d'importer des vaches pour augmenter la production. Il faut assurer une bonne alimentation des vaches. Une condition importante à satisfaire pour espérer faire croître la production laitière, or "une partie de ce cheptel souffre de malnutrition", ajoute-t-il. Un élément important de cette équation est le prix du lait cru. Son prix de revient oscille entre 55 et 65 DA. On peut comprimer ce prix par une meilleure productivité et arriver à un prix de revient de 45 DA. L'éleveur reçoit 12 DA par litre de lait cru cédé à la laiterie. Le prix de cession à la laiterie est de 34 à 35 DA. L'éleveur le juge insuffisant. Ce qui explique le peu d'engouement enregistré par une bonne partie des agriculteurs pour l'élevage de vaches laitières. Conséquence : les laiteries réparties sur le territoire national collectent seulement 900 millions de litres de lait cru. La production de lait cru est estimé à 3,5 milliards de litres. "Ce chiffre n'est pas fiable. Il intègre la production de lait à partir de chamelles, de chèvres, l'autoconsommation. Il faut tenir compte du chiffre de 900 millions de litres qui est plus fiable", souligne le spécialiste. En tout état de cause, ces quantités livrées sont nettement insuffisantes. Elles maintiennent l'outil de production national de lait pasteurisé ou lait en sachet dans une grande dépendance à l'égard de la poudre de lait importée. Au demeurant, le plus important facteur dans cette équation reste l'absence de volonté politique concrétisée sur le terrain pour booster la production de lait cru. "Dans les 46 milliards de dinars de subventions accordées à la filière lait, 70% vont à la poudre de lait", argue le même spécialiste. Les éleveurs, du reste, soutiennent qu'ils sont insuffisamment aidés par l'Etat. Pas d'accompagnement bancaire en dehors du Rfig pour leurs investissements de production, l'achat de matériel moderne, l'absence d'exonérations fiscale et parafiscale. Par ailleurs, les industriels et les transformateurs ne sont pas encouragés à investir dans de grandes fermes laitières de 500 à 1 000 vaches, voire 10 000 vaches. On a en Algérie de petits élevages, en moyenne 5 vaches par éleveur. Un facteur structurel qui s'oppose à l'augmentation conséquente de la production de lait. Le foncier n'est pas encore libéré. Les éleveurs et les industriels demandent des terres en concession afin d'assurer les fourrages à leur cheptel. Ils n'obtiennent pas de réponse le plus souvent. "Nous avons un potentiel en friche. 40% des terres agricoles sont en jachère", elles sont inutilisées. Pourquoi ne pas les affecter pour les grandes exploitations laitières notamment ? Au tableau rose, l'initiative de Soummam à Constantine. "Il a signé une convention avec un groupe d'éleveurs de la région impliquant 20 000 à 30 000 vaches et des céréaliers dans un programme de production intensif de lait cru qui appelle à l'utilisation des terres en jachère et qui est destiné à alimenter les usines de transformation de lait de la société privée", confie le Dr Haroun, membre du Comité interprofessionnel du lait. Soummam et Danone, tout en espérant que leur exemple fasse tache d'huile, sont ces quelques hirondelles qui ne font pas encore le printemps en Algérie, en matière de production laitière. K. R. Nom Adresse email