Fiche technique Stade Ahmadou-Ahidjo (Yaoundé), pelouse en très mauvais état, affluence moyenne, arbitrage de Khirat (Tunisie). But : Eyone (10') pour le Tonnerre de Yaoundé. Avertissement : Raho (JSK) 31'. Les équipes : Tonnerre de Yaoundé : Tamene, Agbo, Moussoudy, Bendi, Epane, Olinga, Robert, Eyone, Doe Francis, Etdogvou, Bengoue. Entraîneur : Ntoungou Mpile. JS Kabylie : Gaouaoui, Rahou (Boubrit), Djouder, Drioueche, Zafour, Belkaïd, Mounir Dob, Bendahmane, Berguiga, Amaouche, Fodhil Dob (Hamoudi). Entraîneur : Jean-Yves Chay. Il y avait de la fierté, de la solennité et surtout de la joie, hier, au stade national Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé où cette merveilleuse formation de la JSK a tenu la dragée haute à cette machine redoutable du Tonnerre de Yaoundé, qui a tout tenté afin de renverser une situation pratiquement impossible après le terrible naufrage du match aller à Alger. Après donc un duel titanesque, il faut bien admettre que la Jeunesse sportive de Kabylie aura écrit, hier après-midi, au stade Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé une nouvelle page d'histoire pour le football africain, d'une manière générale, et pour le sport algérien, d'une façon tout à fait particulière et honorable. Malgré la chaleur torride et l'humidité suffocante, malgré le jeûne du mois de ramadhan et surtout en dépit d'une ambiance hystérique dans le temple majestueux de Yaoundé où les mythiques Lions indomptables auront façonné une notoriété indiscutable mais essentiellement sportive, les Canaris du Djurdjura ont lutté de toutes leurs forces et de tout leur cœur pour sortir indemnes de cette fournaise. Après les cinq titres africains déjà enfilés durant ces deux dernières décennies, soit deux Coupes d'Afrique des clubs champions face au Vita Club de Kinshasa (1981) et Red Devils de Zambie (1990), une Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe en 1995 aux dépens des Nigérians de Julius Berger, la JSK aura agréablement courtisé, durant ces deux dernières années, cette coupe de la CAF arrachée par deux fois au détriment des Egyptiens d'Ismaïlia (2000) et des Tunisiens de l'Etoile du Sahel, l'année dernière. C'est dire que la JSK avait à cœur de forcer la décision hier à Yaoundé, terre de foot et de passion par excellence, face au Tonnerre Kalara, qui ne lui a fait pratiquement aucune concession pour contester la suprématie de la formation algérienne avide de confirmer son label continental et, surtout, son statut de double détenteur de la C3 africaine. N'est-ce pas que, finalement, cette “passe de trois”, tout simplement exceptionnelle dans les annales du football africain, restera gravée dans les annales de la Confédération africaine de football même si le Ahly du Caïre, autre référence de taille sur le plan continental, a déjà réussi à remporter par trois fois la Coupe d'Afrique des clubs champions ! Certes, la JSK n'aura pas réalisé un grand match, mais devant cette pression considérable vécue avant et pendant la rencontre, il fallait certainement faire preuve de réalisme, surtout que le président de Tonnerre, Essouba Eyenga, a appelé à la guerre psychologique pour tenter de déstabiliser par n'importe quel moyen l'équipe algérienne. Cela aurait pu entraîner de graves répercussions au stade de Yaoundé où, dès le début du match, l'arbitre assistant tunisien, Toufik Adjenti, fut sérieusement blessé par un projectile lancé on ne sait d'où. Gravement touché à la tête, le juge de touche fut longuement soigné sur la main courante, et la partie, interrompue durant une bonne vingtaine de minutes, aurait pu connaître un déroulement malheureux et certainement dramatique. Et si la JSK a bien débuté la rencontre, notamment durant les cinq premières minutes, le ressort a été quelque peu cassé par cet incident malheureux et, dès la reprise du jeu décidée par le directeur du jeu, Hichem Khirat, la défense de la JSK baissa la garde pour permettre à Jean Eyone de fusiller de très près Gaouaoui (10'). À cet instant précis, l'on craignait beaucoup pour la suite des évènements, mais la JSK a eu le mérite de ne pas trop s'affoler et entra progressivement dans le match. Il est vrai que le jeu aérien et les centres à l'abordage des joueurs camerounais auront facilité la tâche à la défense kabyle, d'autant plus qu'à ce jeu-là le fameux tandem Driouèche-Zafour a fait preuve de beaucoup de sang-froid et de sérénité, surtout dans les moments difficiles. Certes, les Camerounais ont raté encore quelques occasions de but par excès de précipitation, mais la JSK aurait pu prétendre aisément à l'égalisation si Amaouche (20' et 35'), Bendahmane (25') et surtout Berguigua (27') avaient fait preuve de beaucoup plus de sang-froid et de conviction à l'approche des buts. En seconde mi-temps, les Camerounais usèrent davantage de centres à l'aveuglette, ce qui facilita grandement la tâche des Canaris tout heureux de gérer à leur guise une seconde période très plate et où le football physique du Tonnerre n'a pas finalement payé devant la vivacité des Algériens. Et ce fut dans une ambiance indescriptible que l'arbitre tunisien libéra finalement les joueurs kabyles tout heureux de fêter bruyamment cette troisième Coupe de la CAF consécutive. C'est sous les applaudissements nourris de la foule que le vaillant capitaine Brahim Zafour reçut majestueusement la Coupe de la CAF des mains du Premier ministre du Cameroun et en présence des représentants de la CAF et de Son Excellence l'ambassadeur d'Algérie à Yaoundé. Il ne restait plus aux Canaris qu'à brandir fièrement leur sixième trophée africain de l'histoire et chanter en chœur Aya vava cheikh, leur nouvel hymne de gloire. M. H.