Au moment où la JS Kabylie foulera la pelouse du stade national Ahmadou-Ahidjo, ils seront très certainement des millions d'Algériens à frémir et à vibrer pour ces merveilleux Canaris qui ont pris un sacré loisir — depuis quelques années déjà — à honorer le football algérien et à assumer pleinement leurs responsabilités dès lors que l'emblème national est au rendez-vous. Après avoir donc arraché, de haute lutte, les deux dernières coupes de la CAF face aux Egyptiens d'Ismaïlia (2000) puis devant les Tunisiens de l'Etoile du Sahel, voilà que la JS Kabylie s'attaque à une grosse cylindrée du football camerounais comme pour défier, au gré des saisons, la hiérarchie continentale. Il est vrai que l'appétit vient en mangeant, ce qui explique toute cette voracité qui fait désormais de la JSK l'un des ogres du football africain. Après avoir éliminé en huitièmes de finale les Sénégalais du FCN Diambur, les Maliens du Djoliba de Bamako en quarts de finale puis, tout récemment encore, les Egyptiens du Nadi El-Masry de Port-Saïd en demi-finale, voilà que la JSK s'efforce de terminer son dernier périple en apothéose. Au match aller disputé le 4 novembre dernier au stade du 5-Juillet, les Camerounais du Tonnerre étaient venus à Alger pour promener leur complexe de supériorité quelque peu entretenu par ces magnifiques Lions indomptables du mythique Roger Milla, mais finalement ce dernier, tout comme des millions de Camerounais, n'ont encore pas compris, voire même digéré la véritable claque subie par le Tonnerre, qui s'est fait incroyablement foudroyé par une JSK plus réaliste et plus efficace. C'est justement pour confirmer son savoir-faire que les camarades du vaillant capitaine Zafour semblent déterminés, en tout cas, à livrer une rude bataille, cet après-midi, où les Kalara sont décidés à ne faire aucune concession au double tenant du trophée pour tenter l'exploit presque impossible. Pour tenter de déstabiliser la formation algérienne et de la faire douter pour une ultime chance, les Camerounais ont tenté de mettre la grosse pression depuis quelques jours déjà par médias interposés où le subjectivisme et la passion aveugle l'ont malheureusement emporté sur le fair-play et la loyauté sportive dans un pays où le football est déjà presque une religion. Après un galop d'entraînement, hier, dans un terrain vague mitoyen à l'hôtel Mont Febé, où ils résident depuis jeudi soir, les protégés de Jean-Yves Chay devaient tâter, hier après-midi, la pelouse déjà bien abîmée du stade Ahidjo pour s'adapter au décor majestueux de sa finale et régler ainsi les derniers détails avant la grande parade. Durant ces derniers jours, le coach de la JSK aura axé l'essentiel de son travail sur l'aspect psychologique pour gonfler à bloc son équipe qui devra certainement évoluer en véritable commando pour endiguer les assauts répétés des Kalara qui seront portés aux nues par un public hystérique. Côté camerounais, rien n'a filtré sur la mise au vert du Tonnerre qui a fui les clameurs et les rancœurs de la ville après la déroute d'Alger et semble affûter ses armes pour prendre une sacrée revanche d'autant plus que trois pièces maîtresses, Pascal Aloma, revenu de l'étranger, mais aussi le libero Mendouga et le Libérien Ben Teeklon, qui ont purgé leur suspension apporteront un plus aux “Kalara boys”. Mais gageons que la JSK a bien fait ses comptes pour gérer judicieusement son avance confortable de 4-0 pour décrocher, cet après-midi, vers les coups de 17h, cette 6e étoile africaine dans le palmarès déjà très riche du club kabyle. Il reste à espérer que l'arbitrage du Tunisien Hichem Kirat sera réellement à la hauteur pour ne pas gâcher la fête d'autant plus que la température est un peu plus clémente depuis hier puisque le thermomètre avoisinait 26 à 27 degrés. M. H. Jean-Yves Chay : “La JSK est déjà mobilisée” Liberté : Comment se présente cette finale ? • Jean-Yves Chay : Nous avons préparé cette finale avec beaucoup de lucidité et de concentration, car nous savons pertinemment ce qui nous attend pour cette seconde manche face au Tonnerre, qui est déjà bien mobilisé pour tenter de prendre sa revanche, mais nous sommes prêts à lui livrer bataille. Ne craignez-vous pas une certaine pression sur votre équipe ? • Les joueurs ont suffisamment acquis d'expérience à travers les joutes africaines pour évacuer cette pression qui ne constitue pas un gros souci pour nous. Vous récupérez tous vos blessés. • Non un, mais nous allons récupérer un certains nombre de joueurs blessés et c'est là le prix à payer pour les équipes déjà engagées sur plusieurs fronts. Faut-il s'attendre à une JSK défensive ou offensive ? • Il faut attendre de la JSK qu'elle joue son jeu et qu'elle produise un match de bonne qualité si l'état du terrain le permet. Comment est l'ambiance au sein du groupe ? • Extraordinaire ! Et le fait d'avoir ramené tous les joueurs à Yaoundé, y compris les blessés, est une bonne chose et reflète justement l'état d'esprit qui règne au sein du club. Ne craignez-vous pas les conséquences du ramadhan surtout que cette finale aura lieu à 15h30 ? • Il n'y a pas d'appréhension particulière, car nous avons joué deux matchs de championnat, la semaine dernière, à 13h, même si cette finale se jouera en fin d'après-midi. Pour conclure, la coupe de la CAF repartira-t-elle en Algérie ? • Je suis réaliste sur la tâche qui nous attend et nous avons une grande volonté et une grande détermination d'aller au bout de notre rêve. Une finale de coupe d'Afrique n'est pas chose aisée, mais nous allons tout faire pour la décrocher encore. M. H. Richard Obateba (entraîneur du Tonnerre) : “L'exploit est possible !” • Il n'a pas été facile de prendre contact avec le coach du Tonnerre, Richard Obateba qui a été fortement contesté après la déroute d'Alger (4 -0) mais au stade Ahmadou-Ahidjo, nous avons pu mettre la main sur le coach du Tonnerre qui fut par ailleurs très avare, dans le propos. “À Alger, la JSK a bénéficié de gros avantages extrasportifs et le tour est venu pour le Tonnerre de prendre une sacrée revanche. La JSK a scoré à quatre fois à Alger, le Tonnerre peut réussir à scorer davantage. Cela dépendra de la première mi-temps, mais je crois sincèrement à l'exploit surtout si le grand public est derrière nous.” M. H.