Vendredi, coup sur coup, Paris annonce 400 soldats français supplémentaires dans les rangs de l'opération Sangaris, lancée par François Hollande sur le modèle de Serval au Mali début 2013, et l'Union européenne qui renchérit avec la promesse de 1000 soldats d'ici mars. Ces renforts ont eu l'appui du Conseil de sécurité de l'ONU interpellé par la France pour remplacer les forces africaines de la Misca par des Casques bleus onusiens. Ce que l'Union africaine a jusqu'ici rejeté, sollicitant plutôt de l'assistance logistique. A Addis-Abeba, le dernier sommet des chefs d'Etat africains a souligné le principe de la résolution des différends et conflits interafricains par les institutions africaines, mais n'a pas avancé sur le projet d'une force d'intervention africaine. Nombreux sont les membres de l'UA qui en rejettent le principe même, persuadés en faire les frais eux-mêmes dès lors qu'ils s'accrochent au pouvoir, refusant toute forme d'opposition. Tandis que Paris et l'UE insistent, sous le couvert de l'ONU, sur la nécessité d'un déploiement rapide de forces plus imposantes en Centrafrique, l'UA s'est enfermée dans un silence assourdissant, alors que les populations musulmanes de ce pays sont victimes d'une épuration ethnique, d'un génocide relevant de la Cour pénale internationale. Hollande, qui ne veut pas assumer son rôle de gendarme en Afrique subsaharienne, a annoncé l'envoi de ses renforts portant les soldats de Sangaris à 2000, à la suite, dit-il, de la demande du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon, lui demandant de déployer plus de troupes pour mettre fin aux violences et stabiliser la Centrafrique. Le président français presse également l'UE d'accélérer le déploiement de la mission Eufor, y compris la force de gendarmerie européenne, comme il appelle le Conseil de sécurité d'accélérer l'envoi de Casques bleus. "Les Nations unies doivent le décider, nous souhaitons que la décision soit prise le plus rapidement possible", a déclaré son ministre de la Défense au terme d'une visite éclair à Bangui, N'Djamena et Kinshasa. Paris, avec ses 2000 soldats, les 1000 promis par l'UE, ne veut plus se contenter d'agir officiellement en soutien des 6000 hommes de la force africaine, la Misca. Son opération Sangaris, déclenchée le 5 décembre 2013, a échoué, plongeant la Centrafrique dans le chaos généralisé. Son intervention a aggravé le cycle des violences et des représailles entre communautés chrétienne et musulmane qui s'est transformé en génocide contre les 20% de Centrafricains constitué par les musulmans. Amnesty International a dénoncé un nettoyage ethnique et un exode des musulmans, devenus la cibles des anti-balaka, milices chrétiennes. Le spectre d'une partition entre chrétiens et musulmans menace le pays le plus pauvre du continent. Mardi, le Conseil de sécurité se réunira une nouvelle fois sur ce dossier. La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, qui a annoncé devant le Conseil de sécurité l'entrée en guerre de l'UE aux côtés de la France, a exigé elle aussi et pour assurer une "opération internationale bien coordonnée", la dissolution de la Misca dans une force de maintien de la paix de l'ONU. Une telle opération, qui verrait les soldats africains passer sous Casque bleu, nécessitera une nouvelle résolution de l'ONU. L'Union africaine est pour l'instant réticente à passer le relais aux Nations unies. D. B Nom Adresse email