"Maître Zen" a parlé. Mouloud Hamrouche, l'homme qui ne parle jamais, ou si peu, ou qu'à ses amis, vient de briser deux décennies de silence pour appeler à... quoi au juste ? Dans un texte ésotérique, il intervient finalement dans le débat politique de l'heure. Et même pour les initiés, il fallait flasher à nouveau le décodeur du discours politique pour tenter de déceler les messages de Hamrouche. À force d'avoir pris du recul, beaucoup de recul de la cuisine politicienne, le retour de Hamrouche à la sémantique politique est d'une complexité égale à l'homme. "L'homme au cigare", le deuxième du nom, fait dans la transcendance. La déclaration a un caractère assez visible dans le positionnement physique : Hamrouche est au-dessus de la mêlée. C'est-à-dire qu'il est présidentiable. Il est au-dessus des polémiques du moment qu'il renvoie tout le monde à la responsabilité, pas la petite, mais à la grande responsabilité face à l'Histoire. Hamrouche répond-il à Saâdani dans cette lettre ? Forcément non. Saâdani est une mauvaise virgule de la petite histoire, Hamrouche dégaine sa plus belle plume pour répondre à tous ceux qui jouent avec "la promesse d'édifier un Etat moderne qui survit aux hommes, aux gouvernements et aux crises". Lui, n'ayant pas survécu aux tentatives de cohabitation avec l'islamisme politique. Car dans Hamrouche, qu'on le veuille ou non, qui porte encore la pénitence d'avoir un jour, il y a longtemps, critiqué l'Armée, sommeille un jeune sous-lieutenant de l'ALN, un digne fils de chahid, un nationaliste ombrageux qui a su faire sa mue politique pour devenir un démocrate authentique. Même s'il n'a pas eu la carrière qu'il méritait, ni le destin qu'on lui prédisait, il ne pouvait se taire face aux transgressions obscènes de ceux qui ont attaqué les hommes de l'ANP ou du DRS. "Grâce aux hommes qui ont su trouver des compromis et élaborer des consensus", écrit-il. Hamrouche est donc de retour. Au moment des décantations nécessaires et des coagulations claniques. Il rappelle que le mot "réforme", dégainé en 2012 par Bouteflika, est une appellation d'origine contrôlée. Il y va des droits d'auteur. Mais il le dit avec une sagesse nourrie par une zénitude retrouvée. Maintenant, à savoir si cette lettre est un premier pas ou un épilogue. Si durant vingt ans, Si Mouloud a lu Sun Tzu ou Confucius. Nom Adresse email