«Des grosses» pointures qui constituent une garde habile, fertile en stratagèmes. Demain se prépare aujourd'hui. Le FLN ne compte pas céder un iota de pouvoir à ses rivaux, à l'approche des législatives de 2007 et en prévision de la présidentielle de 2009. L'instance exécutive du parti majoritaire a demandé à ses membres de prendre contact avec les anciens cadres du FLN et les inciter «à rejoindre les structures pour que le parti bénéficie de leur expérience en matière d'encadrement et dans les autres domaines de l'activité partisane». Cet appel intervient à une année des élections législatives et municipales que le FLN ne compte pas perdre. Au vu de ces échéances, le parti de Belkhadem est prêt à secouer la terre par le bout de ses essieux pour rester aux premières loges. «Des grosses» pointures comme Abdelhamid Mehri et Mouloud Hamrouche, pour ne citer que ceux-là, constituent à eux seuls, une garde habile avec suffisamment de recul sur la scène politique et surtout fertile en stratagèmes à même de maintenir le parti aux premières loges de la scène. Prêt à toutes les audaces, le FLN veut que sa vieille garde lui apporte sur un plateau d'argent les clés d'or de la réussite à la prochaine législative. Il veut également en faire une rampe de lancement pour la présidentielle de 2009. Cet appel intervient également dans une conjoncture sensible que vit le FLN. En effet, le parti subit actuellement «des tentatives de déstabilisation qui pèsent de plus en plus au sein des structures» . Des listes «anonymes», circulent dans les bureaux du parti et dans les colonnes de la presse nationale. La dernière en date porte un cachet du FLN. Le responsable de l'organique, Abdelkrim Abada, a déjà précisé que les auteurs de ce listing ont falsifié le cachet du département de l'organique. Il y a quelques jours, un autre document, comportant un listing en trois catégories, selon l'allégeance à l'actuelle direction du FLN, circulait au sein du parti alors que la deuxième session de l'instance exécutive au Mouflon d'Or à Ben Aknoun (Alger) s'est déroulée dans une atmosphère tendue. C'est la première fois que le FLN lance ainsi un appel «dénué de toute arrière-pensée et d'effet médiatique» à ses anciens cadres d'une façon aussi directe et dans une résolution organique de l'instance exécutive du parti. Après avoir annoncé publiquement son soutien à un troisième mandat de Bouteflika «si une nouvelle Constitution le permet et si le président désire se présenter». «Il y a trop de «si» et le FLN veut se rassurer en ayant dans ses rangs une autre personnalité présidentiable en plus du président du parti, Abdelaziz Bouteflika», confie un membre de la direction exécutive du FLN ajoutant que «la pire des choses qui puisse arriver au FLN est de se retrouver dans l'obligation de soutenir le candidat du RND qui ne pourra être que Ahmed Ouyahia». Déjà qu' entre Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem, ce n'est sans doute pas la lune de miel. Les deux alliés autour du programme du président de la République étalent actuellement sans ambages leurs différences et leurs divergences. L'opinion publique assiste alors à des échanges à fleurets mouchetés entre les deux chefs de parti, par presse interposée. Le thème de ces «échanges ésotériques» entre Ouyahia et Belkhadem est la révision de la Constitution. Pour Belkhadem, il s'agit en outre de clarifier la nature du régime algérien.