Surprenante la nouvelle que Hamrouche puisse rejoindre le Front des forces socialistes et en prendre la tête? Pas tout à fait en réalité, si l´on prend en compte, outre les parcours particuliers de MM.Aït Ahmed et Hamrouche, l´évolution de l´environnement politique algérien lors des deux dernières décennies. Ces deux hommes, Hocine Aït Ahmed et Mouloud Hamrouche, atypiques dans leurs parcours politiques, ne pouvaient que faire jonction au détour d´un événement, certes attendu, mais dont personne ne pouvait prévoir le timing: la retraite officielle du vieux gourou Ffsiste. Si, à l´occasion du congrès du FFS, il y avait effectivement passation de témoin entre Hocine Aït Ahmed et Mouloud Hamrouche, ce serait là plus qu´un événement, un aboutissement logique pour deux hommes dont les chemins se sont croisés, au gré des péripéties de la politique, qui ont défendu des croyances divergentes avant de se rencontrer et de se rapprocher sur les idées pour se rejoindre dans le même combat pour la démocratie. Mais c´est Mouloud Hamrouche qui a fait la plus grande partie du chemin pour adhérer à des idées et concepts qui ne lui étaient certes, pas étrangers, mais dont il ne partageait néanmoins pas toutes les implications avec l´un de leurs promoteurs: Aït Ahmed. Logique enfin, dans la perspective de l´évolution politique des deux hommes formés tous les deux, quoique à des degrés différents, dans les classes du parti du 1er Novembre: le FLN. Le premier en tant que l´un de ses tout premiers militants et dirigeants à l´étranger, le second pour avoir été «allaité» au sein du FLN, ou, pour reprendre sa propre expression, a été «un enfant du système». Un enfant qui a mûri, ou plutôt a su mûrir au contact des réalités pour prendre peu à peu ses distances par rapport à un système qui, pour l´essentiel, est demeuré figé sur des croyances en décalage avec le réel du pays et en ne tirant pas de leçons des événements qui ont marqué et endeuillé l´Algérie entre 1988 et 1999. Ces enseignements, Aït Ahmed les tira dès 1963, lorsqu´il rompit avec le FLN et fonda le Front des forces socialistes en opposition à un pouvoir qui aura fait tout faux dès les lendemains de l´indépendance, induits par les luttes qui ont ensanglanté l´Algérie durant l´été 1962. Le leader du FFS défend donc une certaine idée de la démocratie depuis plus de quatre décennies. Pour sa part, Hamrouche, qui a pris des habits de réformateur -avec à la clé un virage à 180°- n´est venu que progressivement au contexte de réforme et de démocratie. Mais Hamrouche a ce mérite d´avoir été l´un des rares responsables FLN à avoir fait son mea-culpa et à s´extraire d´un système qui n´a pu ni su, sans doute pas voulu se réformer. Aussi, voir Mouloud Hamrouche à la tête du FFS, loin d´être une surprise, sonne en fait comme le couronnement inespéré d´une carrière politique quelque peu en creux par ailleurs. Il y a cette évidence, amère certes pour le vieux patriarche d´Aïn El Hammam qui, au crépuscule de sa carrière politique -après avoir fait le vide en agissant en solo au FFS- s´est retrouvé, au soir de sa vie, sans héritier présomptif pour prendre en charge son enfant, le parti du Front des forces socialistes, auquel il consacra le meilleur de sa vie. Aussi, Mouloud Hamrouche pourrait se présenter comme cet héritier -certes venant de l´extérieur- qui a les capacités et qualités le qualifiant pour redonner au FFS un sang nouveau et son lustre d´antan. Hamrouche à la tête du FFS? Un challenge que l´enfant de Constantine ne dédaignera certes pas.