Elargir la part du gâteau pour la majorité des Algériens Un banquier algérien, dont la valeur est reconnue par des puissances occidentales et non par les siens, résumait ainsi la situation cocasse de notre pays : "Les tenants du pouvoir cherchent à tout prix à accaparer et à conserver la plus grosse part du gâteau, c'est-à-dire la rente tirée du secteur des hydrocarbures et non pas à élargir cette part au profit de la majorité des Algériens." Une condition pourtant du développement durable du pays et, partant, de l'amélioration des conditions de vie des citoyens ainsi que du bien-être des générations futures. En clair, il convient d'ériger toute une économie en substitution aux importations, moins dépendante des fluctuations des cours du baril. Une telle observation très pertinente ne doit pas faire oublier que l'élargissement de la part du gâteau passe aussi par le dynamisme du secteur pétrolier algérien pendant au moins une période transitoire de 10 à 20 ans. Elle passe en particulier par le grand rattrapage en matière technologique que doit subir Sonatrach. Des milliards de tonnes de brut, y compris le pétrole de schiste, et au moins une dizaine de milliers de mètres cubes de gaz conventionnel ou non conventionnel ne demandent qu'une application des technologies les plus récentes pour leur mise au jour et leur exploitation efficiente. Dans ce challenge, l'Algérie a besoin de s'appuyer sur les compagnies pétrolières les plus performantes. Or, pour ne pas être flouée dans cette gigantesque lutte d'intérêts entre compagnies nationales et multinationales, elle n'a pas d'autres choix que de s'imposer comme interlocuteur fiable, via ses compétences, ses capacités managériales et un gros effort de mise à niveau de ses ressources humaines. Or, face à ces énormes défis qui engagent l'avenir de l'Algérie sur la scène énergétique mondiale, on répond par l'opacité dans la gestion du secteur, les lenteurs dans la prise de décision et surtout la marginalisation des compétences qui ont acquis une large expérience dans le domaine. Du coup, le transfert du savoir-faire intergénérationnel ne s'est pas produit. Fuite des cadres de Sonatrach vers les compagnies étrangères, mise à la retraite brutale des responsables opérationnels sans préparation de la relève, telles sont quelques facettes de ce gâchis. Au lieu de prendre le taureau par les cornes et de mobiliser toutes nos intelligences à l'intérieur et à l'extérieur du pays pour relever tous ces énormes défis, on essaie, au nom de la préservation de cette part du gâteau au profit d'une minorité, de ne pas opérer les transformations salutaires qu'attend tout Algérien. D'abord et avant tout, Sonatrach est le bien de toute la collectivité nationale et non un joyau entre les mains d'une poignée de personnes au sommet de l'Etat, conviction ancrée chez la plupart des citoyens. Corriger cette perception par des actes symboliques constitue la première tâche d'une meilleure gouvernance. Le second signal est la transparence sur la gestion du secteur. Le troisième, fondamental, revient à mieux répartir la rente pétrolière, non plutôt à élargir la part du gâteau au bénéfice de la majorité des Algériens. K. R. Nom Adresse email