Voilà qui devrait sans doute lever les derniers soupçons sur ses intentions : le président Abdelaziz Bouteflika, qui a lui-même déposé son dossier hier au siège du Conseil constitutionnel, comme le stipule la Constitution, sera officiellement dans la course à la présidentielle du 17 avril prochain et dont on peut dire, d'ores et déjà, qu'il a de fortes chances, au regard des moyens colossaux dont il dispose et de ses multiples soutiens, d'être le futur président. Mais au-delà de cette candidature, défendue bec et ongles par ses partisans, ses laudateurs, sa clientèle et ses courtisans, et dénoncé par ses détracteurs, certains de ses adversaires et ces voix qui lui sont hostiles, l'interrogation est désormais de savoir qui des médecins algériens a pu bien délivrer le certificat médical au Président, un document obligatoire dans le dossier, en vertu de l'article 136 de la loi organique n°12-01 du 12 janvier 2012 relative au régime électoral. Car, en effet, le candidat Bouteflika se doit d'accompagner son dossier de candidature par un certificat médical délivré par des médecins assermentés. Et de nationalité algérienne, cela va de soi. Qui sont alors ces médecins ? Le professeur Bougherbal ? Celui-là même qui avait provoqué la polémique, au lendemain du transfert du chef de l'Etat au Val-de-Grâce, fin avril de l'an passé, en déclarant que Bouteflika avait subi "un accident ischémique transitoire sans séquelle, qu'il n'avait pas subi de séquelles irréversibles et qu'aucune fonction motrice ou sensorielle n'a été altérée", avant que le diagnostic des médecins parisiens n'annonce plus tard qu'il s'agissait d'un AVC ? "Quelle équipe médicale peut, en son âme et conscience, délivrer un tel certificat médical à un malade hospitalisé durant 80 jours au Val-de-Grâce et aux Invalides, à Paris, et qui gère le pays par délégation et procuration ?", s'interrogeait encore, il y a quelques jours, l'avocat Me Ali Yahia Abdenour, dans un entretien accordé à Liberté. "Si un tel certificat médical est délivré par des médecins, leurs noms seront connus par l'opinion publique et il se trouvera d'autres médecins consciencieux qui les condamneront", disait-il. Si l'on exclut que ce "sésame" ait été délivré par les médecins parisiens que certains avaient soupçonné lors du récent séjour du Président à Paris, pour d'évidentes raisons de souveraineté, l'interrogation est d'autant pertinente que le Président, à l'inverse des autres postulants, n'a pas annoncé lui-même sa candidature, comme le veut la tradition ni fait des déclarations à la presse, au sortir du siège du Conseil constitutionnel. À peine le Président a-t-il salué, de l'intérieur de sa voiture, la presse d'un geste de la main. La télévision, qui a diffusé des images en fin d'après-midi, a montré un Président, encore affaibli, déclarant à l'intention de Mourad Medelci, président du Conseil constitutionnel, d'une voix à peine audible, qu'il "était venu déposer son dossier conformément à la loi". De là à dire qu'il serait capable de soutenir une éreintante campagne électorale, il y a un pas qu'il serait difficile de franchir. Mais il est vrai que dans le système algérien, l'un des plus opaques au monde, il n'est pas toujours aisé de percer certains secrets. Les voies du seigneur, ou plutôt du pouvoir algérien sont décidément impénétrables. K. K Nom Adresse email