Elles élisent domicile sous les arcades du centre-ville, sous des tentes rafistolées, dressées dans l'enceinte boueuse de la gare routière, à Bab Annaba. En désespoir de cause, ces expatriés ont parcouru des milliers de kilomètres dans des conditions inhumaines, abandonnant leurs biens et leurs maisons pour échapper à une mort atroce. Des familles maliennes sont dans notre wilaya, livrées à elles-mêmes. Elles arpentent les rues et les cités pour demander l'aumône, et ce sont particulièrement les enfants qui effectuent cette corvée aux abords des mosquées, des marchés, des magasins, des banques, des cafés et des bureaux d'Algérie Poste. Des gamines pauvrement vêtues abordent les passants : "Sadaqa ! Sadaqa ! Nous sommes des musulmans et nous souffrons. Aidez-nous pour l'amour de Dieu !" Des âmes charitables, notamment des gens simples, des pères et des mères de famille, apitoyés par cette détresse humaine, mettent la main à la poche et leur achètent du pain et des produits alimentaires. Des maîtresses de maison leur servent parfois un repas chaud qu'ils s'empressent de dévorer sous les yeux de leurs bienfaiteurs. Ces familles passent la nuit, en cette période hivernale, à la merci des intempéries, car elles n'ont pas de gîte. Elles élisent domicile sous les arcades du centre-ville, sous les portes cochères et sous des tentes rafistolées, dressées dans l'enceinte boueuse de la gare routière, à Bab Annaba. Nous avons assisté à des scènes insoutenables qui interpellent notre conscience, puisque des mamans maliennes, à la merci de la pluie et du froid rigoureux, sont assises à même le sol et s'échinent à allaiter leurs bébés et à distribuer des croûtons de pain à leurs enfants affamés et transis. Des écoliers sortant de leurs établissements scolaires sont apitoyés par ces enfants qui ont leur âge et qui endurent le calvaire. Ils n'hésitent pas à leur offrir un fruit, une baguette de pain, une pièce de monnaie, car ils ne sont pas insensibles à cette misère. Des citoyens se sont rapprochés de nous pour interpeller les autorités locales aux fins de s'impliquer en offrant le couvert et le gîte à ces malheureux expatriés qui sont, somme toute, des musulmans. L'un d'eux nous déclare : "Les pouvoirs publics doivent agir rapidement pour atténuer la détresse de ces familles déracinées ! Il est urgent que la DAS, les associations religieuses, le Croissant-Rouge algérien, les APC et les personnes aisées se manifestent, car il est inadmissible d'abandonner nos frères musulmans !" Un autre intervenant renchérit que, sous d'autres cieux, de l'autre côté de la Méditerranée, des organismes privés et publics, à l'image de la Croix-Rouge, du Secours catholique, des Restos du cœur, des services sociaux, sont sur le terrain pour porter secours aux sans-abri. Notre religion a toujours prôné la solidarité, l'amour du prochain, la charité, et un déclic doit s'opérer pour venir en aide à ces réfugiés enlisés dans la détresse. H. B Nom Adresse email