Par ces nuits polaires, les centaines de sans-abri hantent les rues et quartiers de la wilaya. Ils passent ainsi tous les hivers dans la souffrance et l'indifférence. Une virée à Annaba et ses environs à la nuit tombée nous nous a donné un aperçu sur la situation dramatique vécue quotidiennement par plusieurs femmes, enfants et personnes âgées qui n'ont d'autre toit que le ciel moins clément pour eux avec l'arrivée d'une terrible vague de froid. Sur les artères du centre-ville ou à la gare routière de Sidi Brahim, le paysage est le même : ce sont des SDF qu'on trouve la nuit trimbalant leurs cartons et quelques habits déchirés. Autrefois, les portes cochères et les cages d'escalier des immeubles offraient un gîte convenable pour des vagabonds qui viennent de très loin dormant sur des cartons jusqu'à l'aube pour s'enfuir avant même le réveil des locataires. Ces habitants excédés par ce voisinage encombrant avaient pris l'habitude de fermer les portails des bâtiments. Selon le ministère de la Solidarité et de l'Emploi, il existe plus de 120 000 SDF en Algérie et 369 centres d'accueil ont été mis à la disposition de ces personnes, mais la plupart d'entre eux refusent l'aide offerte et préfèrent revenir à la rue. Par ailleurs, ce ne sont pas seulement les «habitants des rues» qui sont les seuls «sans-abri», car les habitations précaires constituent également pour beaucoup un danger public et de nombreuses familles se sont retrouvées dans la rue après de rudes intempéries. Ces oubliés de l'Algérie sont condamnés à vivre dehors sept jours sur sept. Nuit et jour, ils luttent contre la canicule, le froid glacial, la faim, sans aucune perspective d'avenir, et ce sont des personnes en détresse psychologique car ayant perdu tout moyen de réintégrer la société. Cette déshonorante appellation d'une personne ou d'une famille qui, faute d'avoir un toit comme tout le monde, se retrouve malgré elle à la rue dans un automne très froid. Certainement, plusieurs équipes du Samu tentent tant bien que mal d'apporter leur soutien à ces centaines de familles marginalisées, mais malgré toutes ces procédures, sinon ces aides, leur situation demeure toujours catastrophique. Les différents maux sociaux, maladies, expulsions, malheurs… ont contribué à aggraver l'ampleur de ce phénomène. Ces familles sans toit sont unies dans le malheur. Leurs histoires diffèrent et sont touchantes comme le cas de cette femme divorcée qui s'est retrouvée à la rue avec son enfant : «Je viens de l'est du pays, mon mari m'a mise à la porte. Ma famille a refusé de m'accueillir avec mon enfant, je me suis donc retrouvée sans ressources avec un enfant à nourrir et à élever.» Selon toute évidence, ce n'est un secret pour personne que des centaines d'Algériens vivent dans la rue en pleine saison hivernale. A Annaba comme partout ailleurs, ces malheureux citoyens algériens sont mal vus par tout le monde, leur misère pousse les gens à les éviter et à les ignorer. Cependant, des personnes restent généreuse envers les sans-abris en leur offrant des habits, de la nourriture chaussures des couvertures . Les expulsions et l'exode sont des causes majeures Fuyant les pénibles conditions sociales de leur village, des femmes et des enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes dans les rues d'Alger, Oran, Constantine et Annaba . Beaucoup de SDF rencontrés souhaitent profondément retrouver une vie normale avec un travail et un toit pour sauver leurs petits enfants qui dans la plupart des cas sont aussi jetés dans la rue avec leurs mères, constate-t-on. Elles sont actuellement plus de 300 familles à vivre dans la rue, souvent sous une tente ou un abri de fortune, construit à partir de simples boîtes, a-t-on appris. Ces familles lancent un appel en urgence aux élus locaux afin de se mobiliser pour leur venir en aide, d'autant plus que le froid qui s'est abattu ces derniers jours risque d'aggraver leur situation. Aujourd'hui, elles sont plus de 5 000 personnes à errer dans les rues du pays, avec 1 500 recensées à Alger. D'autre part, il faut savoir qu'en France, la Ville de Paris a créé 1 000 places d'accueil entre 2002 et 2008, et compte créer 2 000 supplémentaires entre 2008 et 2014, en plus des structures de l'Etat. Avec l'hiver, la ville de Paris a mobilisé 560 places supplémentaires dans six gymnases pour ses SDF, révèle-t-on. A ce sujet, il est impératif de souligner que l'Etat doit penser à créer des établissements d'accueil réservés à cette catégorie de personnes afin de les prendre en charge sérieusement.