Le processus démocratique ne saurait se concrétiser sous le régime d'exception. Et de deux, après la mise en place d'un processus de transition démocratique inédit dans les printemps arabes dont elle a été l'initiatrice puis la rectificatrice, la Tunisie renforce son image de modèle dans les pays arabes en levant l'état d'urgence en vigueur depuis la révolution anti-Ben Ali de janvier 2011. Cette situation qui suspend les activités démocratiques citoyennes sous le couvert de motifs sécuritaires, a été levé avec près de quatre mois d'avance, alors que le pays émerge tout juste d'une année mouvementée marquée par des violences attribuées aux djihadistes, conséquentes surtout de velléités hégémoniques du pouvoir islamiste d'Ennahdha qui avait spolié la révolution du Jasmin, certes, au travers d'élections libres mais avec le soutien financier du Qatar. Le gouvernement islamiste est tombé le mois dernier sous la pression de la rue qui a conduit au retranchement du parti de Ghannouchi, un très proche des Frères musulmans d'Egypte qui avait espéré instaurer un régime islamiste conservateur aux procédures démocratiques dans le style de l'AKP turc et qu'il souhaitait étendre au Maghreb. Les démocrates tunisiens et les larges pans de la société sécularisés par le bourguibisme, notamment en matière de droits féminins et de tolérances religieuses, ont fini par avoir le dessus et reprendre à zéro le processus post-Ben Ali. Contrairement à d'autres pays, comme en Egypte post-islamiste, l'armée est restée pour ainsi dire dans la marge, dans ses prérogatives de défense de la sécurité nationale. La politique est restée une affaire de civils. Ce fut la seconde leçon de la Tunisie, la première ayant été que la dictature a été balayée par la rue et non pas par toute autre forme de coup d'Etat. Nouvelle leçon, très importante et d'actualité en Egypte et même chez nous avec la présidentielle en préparation : la construction de la démocratie ne peut pas se réaliser sous un régime d'exception. Cet état d'exception levé mercredi 5 mars par le président Moncef Marzouki était censé durer jusqu'à fin juin, selon la décision au mois de novembre dernier par le gouvernement islamiste qui l'avait prolongé pour huit mois. A la suite d'attentats dans le pays mais pour en réalité peser sur la rédaction finale de la Constituions post-dictature et les élections législatives et présidentielle devant instaurer la nouvelle Tunisie. D. B Nom Adresse email