Nordine Boudissa, directeur général d'Algerac, souligne dans cet entretien que l'Etat est appelé à accompagner les laboratoires de contrôle et d'analyses, les organismes d'inspection et de certification, s'il veut contrecarrer le phénomène. Liberté : Quelle est, selon vous, l'ampleur de la contrefaçon aujourd'hui en Algérie ? Nordine Boudissa : Effectivement, la contrefaçon est un phénomène qui a pris de l'ampleur depuis fort longtemps dans notre pays. Algerac, l'organisme que je dirige, ne dispose pas de données chiffrées à ce sujet. Toutefois, les services des Douanes et le ministère du Commerce ont des statistiques sur la saisie des produits contrefaits qui a un impact financier préjudiciable sur le Trésor public. La contrefaçon continue de proliférer, malgré toutes les mesures prises par l'Etat pour réguler les produits importés. L'absence de normes et le contrôle insuffisant encourageraient la contrefaçon. Partagez-vous cet avis ? Je ne partage pas cet avis. Les normes existent, mais le problème réside dans le fait que leur mise en application et la mise en réseau des laboratoires d'évaluation de la conformité demeurent problématiques. De mon point de vue, l'Etat doit accompagner les laboratoires de contrôle et d'analyses, les organismes d'inspection et de certification dans leur politique de mise à niveau dans le but de se mettre aux standards internationaux, ainsi que les institutions en charge de contrôle : ministère du Commerce et Douanes. Un appui de l'Etat va les aider à assurer leur mission de régulateur des produits d'importation. Il y a lieu également de revoir le dispositif de contrôle des produits importés et des produits locaux, ainsi que la réglementation qui s'y rapporte. Cela s'impose. Cette politique ne peut cependant réussir que si les infrastructures dont l'objectif est de promouvoir la qualité sont mises à contribution. Que proposez-vous pour lutter efficacement contre la contrefaçon ? L'Etat devra élaborer une stratégie adaptée en vue de permettre aux laboratoires, aux organismes d'inspection et aux organismes de certification de jouer pleinement leurs rôles de contrôleur et de régulateur pour s'assurer de la conformité des produits importés, alléger les frais liés à l'importation des produits et de sauvegarder la santé des consommateurs. L'Etat est interpellé pour accompagner les infrastructures de promotion de la qualité et la mise à niveau des ressources humaines, des équipements, de la formation sur les normes, et sur les bonnes pratiques de gouvernance... S'ils sont suffisamment développés, ces organismes pourraient, dans un délai raisonnable, devenir un instrument privilégié de l'Etat, afin de contrecarrer la contrefaçon, de préserver l'économie nationale et de valoriser le produit national. Nom Adresse email