Abdelmalek Sellal est connu pour son penchant aux bons mots, à la plaisanterie, mais quand cette dernière devient une saillie et que le petit groupe de copains est remplacé par une foule massée à la Coupole du 5-Juillet, le pas est vite franchi entre le rire et la provocation. Ce n'est certainement pas le but recherché, mais le résultat est là. Toute une région du pays, qui se sent insultée par un ancien Premier ministre dans l'exercice officiel de ses nouvelles fonctions de directeur de campagne d'un Président-candidat, à qui on veut ouvrir une route à grande vitesse pour le 17 avril. Se croyant tout permis, les différents soutiens de Bouteflika ignorent la modestie et prennent de haut et les autres candidats et le peuple. À cette cadence, ces escalades, dont ils ne mesurent pas le degré de nocivité, seront contre-productives. Il n'y a qu'à en juger par les milliers de commentaires sur les réseaux sociaux dont certains rendent la monnaie de leur pièce à ces auteurs peu inspirés. En plus de la fitna qui s'est emparée de Ghardaïa qui continue de compter ses morts parce que le gouvernement n'a pas été à la hauteur, faute d'un bon diagnostic, voilà une autre région qui risque de s'enflammer. Au point de se demander si le mot d'ordre "stabilité" qu'entonnent les partisans du quatrième mandat ne risque pas de bousculer de l'autre côté de la barricade. À vouloir être trop sûrs d'eux, ces éléments prennent des allures hautaines vis-à-vis du citoyen qui encaisse tout, sauf qu'on touche à sa dignité et à son appartenance régionale ou ethnique. L'effet boomerang est à craindre, et s'il advenait, ni les excuses ni la repentance ne pourraient calmer une colère qui gronde. Cette saillie n'est pas un cas isolé pour l'enregistrer sur le chapitre d'une inattention ou d'une erreur si on se réfère à cette autre sortie d'un ministre, lui aussi partie prenante dans la campagne de Bouteflika, qui aurait lancé aux membres du FCE, réunis à l'hôtel El-Aurassi, une boutade aussi terrible, en s'adressant au directeur général d'Air Algérie : "Tu donneras un billet aller simple pour le pays de leur choix à ceux qui ne soutiendront pas notre candidat." Sans commentaire. O. A [email protected] Nom Adresse email