Les Auressiens ont fait preuve, avant-hier, d'une maturité politique impressionnante et ont donné une leçon de civisme à plus d'un. Cadres supérieurs de l'Etat, ex-parlementaires et autres artistes à côté de milliers de citoyens anonymes venus des différentes localités de Batna, Khenchela, Oum El-Bouaghi mais aussi de Béjaïa, Bouira, Sidi Bel-Abbès, Biskra, El-Bayadh et Ghardaïa ont battu le pavé sur une distance de cinq kilomètres, à l'appel de la Coordination des arouch, le Mouvement culturel amazigh ainsi que d'autres associations. Ce qui a fait dire à certains jeunes, avec beaucoup d'ironie : "Il faudra remercier Sellal, car il nous a permis de nous unir." D'autres citoyens venant de Sétif, Souk-Ahras et Tébessa ont été empêchés de rallier le mouvement, au niveau des barrages dressés à l'occasion, aux entrées de la ville de Batna, avons-nous appris de sources concordantes. Vers 11h du matin, quelques centaines de manifestants sont partis de l'université El-Hadj-Lakhdar. Les protestataires feront une première halte devant la mosquée du 1er-Novembre avant de se mouvoir en direction du boulevard El-Istiqlal. Aucun incident fâcheux, aucune dégradation de biens publics n'ont été enregistrés et surtout aucun nom des deux candidats originaires de la région, en l'occurrence l'ex-Premier ministre Ali Benflis et Abdelaziz Belaïd, n'a été clamé. Cependant, sur les pancartes brandies, on pouvait lire "Algérie mon amour" ou encore "Nous n'avons pas peur, mais nous avons appris à patienter pour protéger la patrie", "Bzayed hogra". En signe de refus d'un quatrième mandat pour le Président sortant, Abdelaziz Bouteflika, le chiffre 4 barré surmontait les têtes. Se faisant écho, les marcheurs scandaient, entres autres, "Djazaïr horra dimoqratiya", "Chaâb yourid isqat en-nidham". Les quelques citoyens hésitants, passifs et spectateurs, ont fini par venir gonfler les rangs des contestataires. Une jeune fille du mouvement Barakat se mêle à la foule arborant un t-shirt siglé "Chaouia et fière". La lettre destinée aux citoyens que l'ex-président Liamine Zeroual a rendue publique le jour même de la marche de protestation, a eu une répercussion sur les habitants de la région. "Loin de tout chauvinisme, Liamine Zeroual est un homme intègre", nous déclare un citoyen lorsque nous nous approchons des Auressiens pour sonder à chaud leurs impressions quant à ladite lettre. Un autre nous dira : "Monsieur Zeroual a tardé à clarifier sa position. La colère populaire a fini par le faire réagir." Rappelons que les Batnéens s'étaient rendus chez Liamine Zeroual, lors de la précédente marche qui a eu lieu dimanche passé. Ils l'avaient sollicité afin qu'il réagisse vis-à-vis des propos de Sellal à l'encontre des Chaouis. Par ailleurs, nombreux étaient les citoyens qui ont dénoncé la chaîne privée En-Nahar qui, selon eux, aurait mené une attaque, à peine voilée, contre l'ex-président Liamine Zeroual, suite à la publication de la lettre dans laquelle il a plaidé pour un mandat-transition. "Liamine Zeroual a été l'instigateur de la loi Errahma, c'est lui qui s'est entretenu avec les terroristes", lance un jeune homme. Un autre ajoute : "Sellal a unifié le peuple d'une manière indirecte." Une seconde halte a été observée, à l'autre bout de la ville, devant la demeure de l'ex-président Liamine Zeroual. Les marcheurs demeureront là près d'une heure, réclamant l'ancien président de la République, mais en vain. L'homme était absent, paraît-il. Les marcheurs se disperseront, dans le calme, vers 15h. Laldja MESSAOUDI/Rachid HAMATOU Nom Adresse email