Résumé : Les plaisanteries ironiques de Djamil ne sont pas du goût de mon oncle, qui, aveuglé par la colère, flanque deux gifles à son fils. Ma mère tente de calmer son frère, et moi j'entraîne mon cousin au jardin, avant de lui proposer de passer la soirée et la nuit chez nous. Il en sera ravi. Il sourit : - Avec plaisir Narimène... Heu... juste le temps de donner à manger aux pigeons et je vous attendrais, ta mère et toi, dans mon véhicule. Djamil s'éloigne et je revins au salon où ma mère et oncle Wahid discutaient de vive voix. Hanifa, ma cousine qui semblait être au courant des derniers faits, me jette un regard mauvais. Elle n'aimait pas nous voir "chez elle" et encore moins assister à des scènes comme celles d'aujourd'hui... Elle n'avait ni le caractère de son frère ni celui de sa mère. Elle aussi avait, à n'en pas douter, hérité du caractère possessif de notre grand-mère et de ses complexes. Elle s'approche de moi et me chuchote à l'oreille : - à chaque fois que vous êtes là, quelques malheurs arrivent... Vous portez la poisse, ta famille et toi. Je m'éloigne un peu d'elle et lui répondis d'une voix calme : - J'ai accompagné ma mère qui se trouve être une fille de la maison... Elle est née et grandi ici, c'est la maison de ses parents, et personne ne l'empêchera de venir quand elle en a envie. - Hum... Tu as réponse à tout Narimène, tu es comme... comme ce maudit frère dont Dieu m'a affublée... Il veut toujours avoir le dernier mot... Heureusement que papa est là pour lui rappeler qu'il est encore dans les couches. Je me mets à rire, et la moutarde lui monte au nez. Offusquée elle me pince le bras : - Ne crois pas que parce que ta mère est là, je ne vais pas faire une scène... Tu me connais, je n'aime pas qu'on me marche sur les pieds. - Je n'en ai aucunement l'intention... Heu... d'ailleurs, nous allons partir tout de suite. Cette conversation qui n'a aucun intérêt commence à me fatiguer... Maman... Maman... Ma mère se retourne vers moi, je lui fais signe de quitter les lieux : - Il se fait tard, rentrons ! Elle acquiesce : Oui... Ton père doit se demander où nous nous sommes rendues... Heu... Wahid, ne sois pas aussi susceptible... Djamil plaisantait... Parfois tu réagis sans réfléchir, et un jour, tu risques de le regretter. Mon oncle hausse les épaules : - De nos jours, les enfants ne respectent plus leurs parents. - Ce n'est pas un manque de respect... Djamil est un homme accompli... Tu as souvent tendance à l'oublier. Tâche de revoir ton comportement toi aussi. - Nafissa, tes enfants sont aussi adultes, mais tu les vois encore comme des enfants... C'est un fait que tous les parents connaissent... Seulement, je n'admets pas qu'on se moque de moi ! - C'est du passé tout ça... Où est donc passé Djamil ? Elle m'interroge du regard, et je lui montre le jardin : - Il nous attend dans son véhicule. Je l'ai invité à passer la nuit chez-nous. Elle sourit : - J'en suis heureuse. Elle se tourne vers son frère et ajoute : - Cela te permettra de te calmer et d'éviter une éventuelle altercation dans la soirée. Il fait la moue : - Ce garçon me donne parfois envie de lui tordre le cou. - Allons Wahid, c'est terminé... Et toi Hanifa, n'aimerais-tu pas nous accompagner aussi. Ma cousine me lance un regard plein d'envie et de haine. Son sourire forcé, confirmait davantage ses sentiments envers moi et le reste de la famille. Elle secoue sa tête : - Non, tante Nafissa... Je préfère passer la soirée avec papa... Je vais jouer du piano, cela le détendra. Sale bourgeoise ! Je m'étais retenue de justesse...Hanifa espérait se marier un jour avec un riche aux origines nobles ! Tous les hommes ne se valent pas ! Alors qu'elle était encore sur les bancs du lycée, elle avait failli faire l'erreur de sa vie en planifiant une fugue avec un commerçant. J'avais surpris une drôle de conversation au téléphone où elle lui racontait qu'elle était tombée enceinte et qu'il devrait venir la récupérer car elle risquait de se faire égorger par sa famille. Le pauvre bougre, un sexagénaire de son état, n'avait vu que du feu... Hanifa n'était plus vierge, certes, mais elle n'était pas enceinte. Elle avait bafoué les principes familiaux et éclaboussé son honneur (une aventure avec le fils du jardinier). Mais hormis ma mère et moi, personne d'autre n'était au courant. C'est pour cela qu'elle nourrissait envers nous cette haine sans limite. Lorsque je rapportais cette histoire à ma mère, elle s'empressa de prendre les devants en m'accompagnant au lycée pour empêcher sa nièce de commettre l'irréparable. La fugue n'étant pas la solution idéale, nous pensions intervenir au bon moment pour empêcher Hanifa de partir avec ce bougre, qui ne savait pas encore qu'il était le bouc émissaire d'une situation qui le dépassait. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email