Des syndicalistes et travailleurs de plusieurs secteurs d'activités (dockers, douanes, Air Algérie, Cnan, Cnas, Enag, Seeal, ERCE, EGSA, agroalimentaire, la presse...) ont créé, samedi dernier, le Comité national de réappropriation et de sauvegarde de l'UGTA (CNRS-UGTA). Dans un communiqué, rendu public hier, ils expliquent leur démarche par une volonté de soustraire la Centrale syndicale du giron du pouvoir et de la remettre dans son véritable rôle : la défense des intérêts des travailleurs. "Malgré toutes les tentatives de renouveau, d'émancipation et de libération post-Indépendance, menées par des groupes de militants syndicalistes à différentes périodes de l'histoire du mouvement syndical, pour extirper cette organisation du tumulte des luttes politiques partisanes (...), la situation ne cesse d'empirer. Le summum de l'inféodation (...) a été atteint après le lâche assassinat d'Abdelhak Benhamouda, avec l'intronisation de l'actuel secrétaire général à la tête de l'organisation." C'est par ces propos assez durs que les animateurs de ce qui convient d'appeler le mouvement de "redressement" de l'UGTA ont introduit leur initiative. Le ras-le-bol des adhérents de la Centrale syndicale est induit par la propension de l'organisation à s'arrimer aux pouvoirs publics, oubliant souvent qu'elle existe pour servir plutôt de contre-pouvoir. "L'UGTA est otage d'un système politique corrompu et antipopulaire avec la complicité d'une poignée de collaborationnistes agissant de l'intérieur à sa destruction. En l'absence d'un sursaut salvateur, elle s'achemine inexorablement vers la disparition totale, chose qui privera le monde du travail d'un instrument de lutte pour lequel des centaines de chahid militants ont donné leur vie", souligne-t-on dans le communiqué. Le soutien apporté par le SG de l'Union, Abdelmadjid Sidi-Saïd, au quatrième mandat, sans prendre la peine de consulter la base, a exacerbé davantage le fossé entre les ambitions de la direction et les aspirations de la masse des syndicalistes. "Obnubilé et acquis corps et âme à la défense d'un hypothétique quatrième mandat et d'une victoire à la présidentielle qui ne peut avoir lieu que par la fraude et le bourrage des urnes, il (Sidi-Saïd, NDLR) rame à contre-courant des souhaits et des attentes du monde du travail et va à l'encontre des vœux et des espoirs immenses des travailleurs", poursuivent les fondateurs du CNRS-UGTA. Ils remettent en cause jusqu'à la légitimité de la direction nationale de la Centrale syndicale, dont le mandat a été prorogé en attendant la tenue du congrès national au cours de cette année. "Sidi-Saïd doit partir et rendre l'UGTA à ses véritables propriétaires, qui ne sont autres que les travailleurs qui se chargeront de l'épurer par les voies démocratiques des éléments responsables de son affaiblissement, de lui insuffler un nouvel élan, une nouvelle dynamique, de nouvelles mœurs, de nouvelles pratiques et une nouvelle politique syndicale."Moralité de cette actualité : après le FLN, le MPA, le Taj, l'Organisation nationale des moudjahidine, l'Organisation nationale des enfants de chouhada..., le quatrième mandat est en voie de torpiller la cohésion de l'UGTA, la plus grande organisation syndicale du pays. S. H. Nom Adresse email