Les modalités de mise en place d'un véritable front de changement pacifique ont constitué l'essentiel des débats. Ali Benflis veut créer un parti politique largement rassembleur et consensuel. C'est dans cette optique qu'il s'est engagé, dès hier, dans des concertations autour de ce projet en tenant une première rencontre avec les chefs des partis l'ayant soutenu ainsi qu'avec un certain nombre de personnalités nationales. Organisé à proximité du quartier général de campagne, à Ben Aknoun, cependant loin des regards, ce rendez-vous a regroupé "des personnalités connues, venues écouter l'exposé de Benflis autour de son projet de renouveau national. Elles sont venues s'informer de ce projet et de son bien-fondé et leur présence ne signifie, à ce stade, aucunement une adhésion", nous a confié une personnalité ayant pris part à la rencontre. D'ailleurs, l'ancien chef de gouvernement, dans une allocution liminaire annonçant l'ordre du jour de la réunion, a refusé de dévoiler l'identité de ces personnalités, arguant qu'"il leur appartient, à elles-mêmes, de se déclarer". Concernant les formations l'ayant soutenu et qu'il a associées hier aux débats, il s'agit, entre autres, du secrétaire général du mouvement El- Islah, Djahid Younsi, du président du parti El- Fadjr El-Jadid, Tahar Benbaïbèche, du président du Front de l'Algérie nouvelle, Djamel Ben Abdeslem, et du président du Mouvement El- Amel, Mohamed Hadef, ainsi que le secrétaire général de l'Union des forces démocratiques et sociales (UFDS), Noureddine Bahbouh. Les modalités de mise en place d'un véritable front de changement pacifique en tant qu'alternative au système politique actuel qui a sévi pendant plus d'un demi-siècle ont constitué l'essentiel des débats. "Comment sortir de la faillite récurrente d'un système incapable de garantir au minimum la transparence des élections et de permettre une véritable expression de la souveraineté populaire ?" Telle a été l'une des principales questions sur lesquelles les participants se sont exprimés. Dans ce cadre, le caractère pacifique du changement a constitué le point d'accord de l'ensemble des intervenants qui veulent soustraire le pays à des dérapages. Dans le même temps, les participants à la rencontre ont plaidé pour la création d'un véritable consensus national avec l'ensemble des formations politiques revendiquant un changement démocratique du pays, lesquels devraient constituer un véritable front transpartisan et largement rassembleur. La semaine prochaine, l'ancien chef de gouvernement tiendra une autre réunion de concertation pour mûrir davantage son projet. Mais en attendant, hier, Benflis a soutenu qu'il annoncera prochainement la naissance du parti ainsi que sa dénomination qu'il décidera d'un commun accord avec ses soutiens, tout en soulignant qu'il s'agit d'un cadre politique à construire "conformément aux lois de la République". Ali Benflis a précisé qu'un groupe de travail s'attelle actuellement à préparer les statuts du futur parti. Affirmant qu'il s'inspire de l'esprit de Novembre et de "l'histoire glorieuse de l'Algérie", Benflis a affirmé que sa formation "est résolument démocratique dans son orientation et son fonctionnement". Tout en faisant remarquer que son initiative reste ouverte à tous ceux qui se reconnaîtront dans son projet, quelle que soit "leur obédience" et de "quelque catégorie que ce soit", Ali Benflis a fait état de sa décision de sortir sur le terrain à travers des déplacements dans plusieurs wilayas du pays. "J'irai expliquer les résultats de ces élections de même que j'informerai les citoyens de ma décision de créer un cadre politique à même de porter leurs aspirations", a-t-il noté avant de préciser : "Je ne ferai rien sans une consultation auprès de larges franges de la société, sachant que lors de la campagne électorale, c'est bien les jeunes qui ont exprimé avec insistance leur désir de prendre des responsabilités et d'agir au sein d'un cadre bien organisé." À propos des appréhensions autour de l'obtention de l'agrément de ce nouveau parti, Benflis a déclaré : "Je présente à l'Etat algérien une demande légale et un dossier en bonne et due forme et à chacun d'assumer ses responsabilités." L'idée de la création d'un cadre partisan fait débat chez les soutiens du candidat parmi les femmes et les jeunes. Marginalisées, exclues des centres de décision, ces deux catégories veulent, à travers cette nouvelle formation, peser de tout leur poids dans les choix politiques du pays pour devenir de véritables leviers du changement. Un vœu commun à ces deux catégories : s'imposer en place et lieu des "caciques" et de ceux appelés communément "dinosaures" qu'ils ont côtoyés des lustres durant au Front de libération national (FLN), pour rendre leurs voix et exigences audibles. "Nous voulons définitivement sortir de la logique du FLN où les jeunes sont toujopurs trop jeunes et immatures pour s'exprimer et décider au sein du parti. Ce n'est pas vrai : nous avons une voix et nous voulons l'exprimer par nous-mêmes", nous révèle un jeune qui a joué un rôle majeur dans la mobilisation autour de la candidature de Benflis. Même état d'esprit chez les femmes pro-Benflis : "Nous sommes très contentes de voir ce cadre partisan se constituer en dehors du FLN et de son esprit de parti unique autour de la personnalité de Benflis qui revendique la parité. Il est impossible que la femme algérienne soit toujours en retard de plusieurs siècles dans son pays alors qu'elle brille ailleurs. Le statut de mineure à vie, nous le rejetons et revendiquons d'être au centre de la décision pour porter nos exigences en haut lieu", nous a confié hier une dame, membre du comité de soutien de la candidature de l'ex-chef de gouvernement. N. M Nom Adresse email