Les travaux du Colloque international sur l'insurrection de 1871 menée par le chef spirituel de la puissante Tarika Rahmania, Cheikh Aheddad, ont été ouverts, hier matin, au théâtre régional Abdelmalek-Bouguermouh de Béjaïa (TRB). Organisée par le comité des fêtes de la ville de Béjaïa et Balade littéraire, cette manifestation culturelle a vu la présence d'une quinzaine d'éminents chercheurs universitaires, dont des écrivains, des historiens, des anthropologues, des politologues... venus des quatre coins d'Algérie, mais aussi de France. La direction des travaux de ce colloque de deux jours a été confiée à Mme Tassadit Yacine, membre du laboratoire d'anthropologie sociale au Collège de France et directrice d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris. Le coup d'envoi de cette rencontre a été donné par M. Djabali, vice-président de l'APC de Béjaïa, en présence d'une assistance nombreuse composée essentiellement d'hommes et de femmes de culture et des lettres, dont des écrivains, des journalistes, des artistes, des élus locaux, des enseignants universitaires, des étudiants... Le célèbre politologue français, Georges Morin, un natif de Constantine, sera le premier conférencier à intervenir pour aborder le thème "Surmonter la tragédie coloniale et construire un avenir solidaire par l'information et la culture". Il qualifiera la révolte de 1871 d'"une insurrection extraordinaire", menée par le notable Cheikh Aheddad, qui s'insurgea contre le colonisateur français. Pour lui, "l'éducation et la culture sont les meilleurs outils de lutte contre le racisme, devenu un phénomène mondial". Pour sa part, Mme Tassadit Yacine donnera une communication intitulée "Au-delà de 1871 : comment devient-on un insurgé ?" L'oratrice a tenu à préciser que "l'insurrection de 1871 reste le premier soulèvement tribal pendant l'ère coloniale. C'est Mohamed El-Mokrani de la tribu d'Ath Abbas (Ighil Ali) qui a ouvert la voie à la dissidence", affirmant que "la prise de conscience des populations de l'époque s'est traduite par les différents foyers de rébellion qui se sont déclarés ensuite à travers plusieurs régions, notamment à Béjaïa, M'sila, Constantine...". Interrogée sur les circonstances de la mort de Cheikh El-Mokrani, Mme Tassadit Yacine rappellera que ce dernier est décédé le 5 mai 1871, tué par balle au combat, à Oued Soufflat, près de Bouira. De son côté, Mouloud Kourdache, chercheur universitaire, animera une conférence ayant pour thème "At Muqran, histoire d'une dynastie et d'un pouvoir politique". Pour lui, "l'insurrection de 1871 est un soulèvement décolonisateur et une préparation politique mobilisatrice faite par toutes les catégories de la société, entre caïds, bachaghas, Oumana (chefs de village) et les religieux". Enfin, la politologue Françoise Vergès, spécialiste des logiques postcoloniales, estimera que "décoloniser le savoir passe par la construction d'un système national du savoir", avant d'ajouter qu'il faut "jeter un coup d'œil sur ce qui s'est passé ailleurs, dans la même période, pour pouvoir comprendre le contexte général des colonies françaises". Il faut signaler que d'autres personnalités, telles que l'historien Benjamin Stora, Slimane Zeghidour, Samia Messaoud, ou encore Abdelmadjid Merdaci qui est spécialisé dans l'histoire coloniale, devront animer aujourd'hui des conférences sur les résistances anticoloniales, plus particulièrement sur l'insurrection de 1871. K. O Nom Adresse email