Le régime croit trouver la parade en conviant à la table des consultations certaines figures au titre de personnalités, alors qu'elles sont des membres dans leurs partis respectifs. À quelques jours du début des consultations politiques autour de la révision constitutionnelle, le pouvoir donne des signes d'agacement qu'il peine à dissimuler face aux défections en cascade de nombre de partis de l'opposition. Dernier signe en date de cet agacement, la charge au vitriol du président du MPA, Amara Benyounès, contre toutes les entités qui ne s'inscrivent pas dans la démarche du pouvoir. Sans ménagement, le nouveau ministre du Commerce a, tour à tour, lancé une volée de bois vert contre la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), les personnalités qu'il affuble du vocable de "saisonniers politiques", allusion probablement à Mouloud Hamrouche et à Ali Benflis, et enfin le mouvement Barakat. "Aujourd'hui, il y a cette coordination qui parle de transition. Certains de ses membres en font leur revendication depuis vingt ans, alors qu'ils n'arrivent même pas à régler les problèmes internes de leurs partis. Actuellement, tout le monde reconnaît que l'Algérie n'est pas en crise, ce sont ces gens-là qui sont en crise et eux-mêmes le savent. En psychiatrie, cela s'appelle le déni des vérités", fulmine Amara Benyounès. "Il n'y a pas dix Algériens qui soutiennent ces personnalités auxquelles certains journaux accordent du crédit", soutient-il, par ailleurs, avant d'oser une de ces bravades dont il est coutumier : "En Algérie, il n'y aura pas de transition et ces gens-là ne peuvent rien faire." Avant lui, c'est un autre segment, et non des moindres, du régime, le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, de considérer qu'"il est vain d'émettre des réserves concernant des questions importantes, à l'instar de la révision de la Constitution qui définit les repères, les perspectives et les préro-gatives, et qui est à la base de toutes les lois". Il a déploré même "la publicité faite aux partis politiques opposés aux consultations sur la révision de la Constitution par rapport à celle qui les soutiennent, qualifiant un tel comportement de mauvaise pratique de l'exercice de la démocratie qui devrait être basée sur le principe de respect de tous les avis et propositions". Visiblement embarrassé par la perspective de l'absence de pans entiers de l'opposition, le régime croit trouver la parade en conviant à la table des consultations certaines figures au titre de personnalités, alors qu'elles sont des membres dans leurs partis respectifs. C'est le cas de l'invitation adressée à Mohand Amokrane Chérifi, membre du présidium du FFS, en sa qualité de conseiller principal de l'Institut des Nations unies (Unitar) pour l'information et la recherche, ou encore de celle adressée à Bouguerra Soltani. Si, pour Bouguerra, sa participation ne va pas "engager le MSP" dont la position a été tranchée, celle de Mohand Amokrane Chérifi reste entourée d'incertitude. Dans le communiqué qu'il a rendu public, le FFS ne dit pas si le "sherpa" du parti va participer ou non. Mais pour le FFS, la messe est déjà dite. "La priorité demeure la reconstruction d'un consensus national avant la révision de la Constitution", rappelait encore, il y a quelques jours, Ahmed Betatache. Dès lors, il s'agit de savoir à quel artifice va recourir le pouvoir pour réussir son entreprise dont la crédibilité sera entachée, au risque de subir un autre camouflet après avoir échoué dans la mise en place d'un gouvernement d'union nationale. Va-t-il revoir sa copie en concédant quelques compromis ? Ou va-t-il tenter, comme souvent en pareille circonstance, de torpiller l'opposition par des méthodes dont lui seul a le secret ? S'il est entendu que seul un nouveau rapport de force pourrait le faire fléchir, il n'en demeure pas moins qu'il serait tenté de mener à la hussarde sa démarche. Une démarche que l'opposition qualifie, à l'unisson, de "fuite en avant", de manœuvre de "diversion" et de "duperie". K K Nom Adresse email