La question du foncier industriel n'aura jamais cessé de passionner les débats. Plaie sociale et économique, elle constitue un enjeu capital, sur fond de surenchères politiciennes et otage de la "main basse des forces de l'argent". Elle est agitée telle l'épée de Damoclès sur la tête des investisseurs. Tous les spécialistes, les organisations patronales, dans le cadre des différentes tripartites, de même que les pouvoirs publics eux-mêmes, s'accordent à dire que les obstacles à l'accès au foncier industriel constituent la contrainte majeure pour l'expansion de l'investissement productif en Algérie et à la relance de la dynamique économique d'ensemble. "Libérez le foncier industriel, cassez les verrous ! Sur les 35 000 dossiers d'investissement reçus par les Aniref, seuls 15 600 (50%) ont été examinés, le rythme est trop lourd", avait déclaré Sellal lors de la rencontre qui a regroupé le gouvernement et les walis avant l'élections présidentielle du 17 avril dernier. A l'évidence, les causes profondes ne relèvent pas seulement du cadre juridique. La dimension historique, sociologique, économique, culturelle et politique est à prendre en considération dans l'approche rationnelle de cette "plaie sociale". Elle relève du sacré, parce qu'elle touche à notre histoire et à notre mémoire collective, meurtrie par la dépossession de nos terres par l'ex-puissance coloniale. Quand bien même serait-elle d'ordre mémoriel, elle nous interpelle néanmoins sur les nouveaux défis auxquels nous devons absolument faire face pour notre émancipation économique et sociale. Au demeurant, quand on examine de près les projections liées à la transition démographique en Algérie à l'horizon 2020, les Hauts-Plateaux verront leur population atteindre environ 13 millions d'habitants, la population du Sud avoisinera les 8 millions avec à la clé comme avantages d'immenses territoires non occupés utilement, fertiles et recelant d'énormes richesses du sol et du sous-sol. Quand aux zones côtières, où toutes les industries sont concentrées et où, selon les mêmes projections démographiques, la population sera de 22 millions, le foncier industriel en superficies limitées est souvent détourné de sa vocation pour faire l'objet de spéculation et d'érection de promotions immobilières au gré du clientélisme politique et de l'enrichissement des tenants de "l'ordre établi". Au demeurant, Sellal a instruit les 48 walis pour créer des zones d'activité. "Si vous pouviez le faire dans chaque commune, faites-le et assainissez l'ensemble des actifs. Parce qu'il y a des terrains qui ont été donnés à des investisseurs sur la base de cahiers des charges mais ils n'ont érigé aucun projet dessus". Avec l'autoroute Est-Ouest, le projet de réalisation d'une autre autoroute qui relie les zones des Hauts-Plateaux, l'espoir d'un développement régional et national intégré, avec toutes les retombées sociales et culturelles, favoriseraient non seulement l'équilibre régional mais beaucoup plus la consolidation de l'unité nationale (par, notamment, des mouvements migratoires interrégions ainsi que le brassage des cultures régionales et locales) et le confortement de l'Etat national. Il semblerait que face aux inerties et à une bureaucratie tatillonne, "un programme national plus vaste qui prévoit l'établissement de 42 zones industrielles dans 34 provinces algériennes d'ici 2017, et s'inscrivant dans le cadre d'une campagne visant à stimuler l'investissement et l'innovation dans le secteur manufacturier", a été décidé. Ce projet s'attacherait tout particulièrement à la création d'activités industrielles dans des régions peu peuplées et mal desservies, notamment, les Hauts-Plateaux et les régions du Sud, afin de renforcer l'emploi et d'augmenter les revenus en dehors des grandes zones urbaines. Les appels d'offres auraient été lancés et portent sur les études d'aménagement et les travaux de viabilisation de 8 sites choisis. Les nouveaux parcs industriels devraient contribuer à pallier le manque de terrains disponibles pour de tels projets, qui constitue un problème majeur pour le secteur industriel, selon Hassiba Mokraoui, directrice générale de l'Aniref. Pour cette dernière, "les sites pilotes ont une superficie totale de 2 500 hectares, et quatre d'entre-eux sont situés dans le nord du pays, à Tizi Ouzou, Relizane, Aïn Témouchent et Mostaganem. Trois autres parcs seront construits à Batna, Médéa et Djelfa, dans la région semi-aride des Hauts-Plateaux, et le huitième est prévu pour Ouargla, dans le Sud désertique, où les infrastructures industrielles et économiques en général sont les moins développées". A. H. Nom Adresse email