Le nombre de procédures ouvertes par le parquet de Paris contre des individus présumés terroristes, de retour de Syrie, a progressé de façon spectaculaire ces derniers mois. Au dernier décompte, datant de jeudi, les magistrats ont recensé 55 procédures concernant environ 200 personnes, des Français et en nombre beaucoup moins importants, des résidents en France, pour avoir participé au djihad en Syrie. Dans le détail, 29 mises en examen visant 44 personnes ont été prononcées, en majorité pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Les autres djihadistes présumés sont visés par 26 enquêtes préliminaires. Les enquêteurs des services spécialisés tentent notamment de déterminer si ces Français ont combattu en Syrie aux côtés d'organisations terroristes, telles le Front al-Nosra ou l'Etat Islamique en Irak et au Levant (EEIL), proches d'al-Qaïda malgré leurs rivalités internes et leurs dissensions armées. La section antiterroriste du parquet de Paris a précisé que 26 personnes ont été placées en détention provisoire, parmi elles, sept jeunes avaient été mis en examen à Strasbourg, en mai dernier, les 18 autres suspects placés sous contrôle judiciaire. Ils seraient en fait environ 500 Français et résidents français à avoir fréquenté l'école djihadiste de Syrie, la dernière en activité à grande échelle. Le ministère de l'Intérieur qui a annoncé le retour sur son sol de ces 200 djihadistes, estime que 300 autres combattent encore en Syrie. Pour le journal en ligne "Médiapart", généralement bien informé, le chiffre s'élève à 630 sur plus de 2 000 Européens qui seraient passés par la Syrie depuis 2011. Un phénomène massif et inédit contre lequel les Etats européens n'ont toujours pas trouvé la bonne réponse. "Médiapart" qui reprend des statistiques des services de renseignement français, révèle qu'30 mai 2014, ils étaient 320 Français à combattre en Syrie, 140 en transit vers ce pays et autant à l'avoir quitté pour retourner en France ou vers un autre pays. La progression spectaculaire de djihadistes de France passés par la Syrie depuis trois ans est à souligner d'autant que sur les précédents théâtres de djihad, comme en Afghanistan dans les années 1980, seule une quarantaine partait de France. La tuerie du Musée juif de Bruxelles a par ailleurs relancé en France les critiques à l'encontre des services français et de leur incapacité à identifier les djihadistes, surtout les plus dangereux. Mehdi Nemmouche, Français et auteur présumé de la fusillade, serait parti faire le djihad en Syrie avant de se rendre à Bruxelles. Il se serait également rendu à Tripoli où il aurait rencontré l'"éminence grise" du salafisme mondial, cheikh Bakri, un prédicateur qui a commis une fatwa rendant obligatoire le djihad en Syrie et décrétant que le djihad s'étend également aux pays non musulmans habités par des communautés musulmanes. Ce qui inquiète le plus Paris, c'est que ces recrues françaises du djihad dans les groupes terroristes syriens reviennent programmées avec une expérience militaire inquiétante et une idéologie chargée de haine envers l'Occident. Et ce sont des éléments très dangereux qui commence à revenir par dizaines en France où les salafistes, leur terreau de prédilection, y sont aussi. Ces derniers ont créé un "véritable maillage", avertit Samuel Laurent, dans les prisons mais aussi les cités où ils sont très liés au crime organisé. Quant à les contrôler, le gros problème c'est qu'il n'y a plus de filière comme à l'époque de l'Afghanistan, explique ce spécialiste français de l'islamisme terroriste. En Syrie, le djihad est extrêmement libre, chaque combattant représente sa propre filière, d'où l'incapacité totale de contrôler, maîtriser ce flux de djihadistes qui partent et reviennent. Pour l'heure, les services européens antiterroristes sont débordés par ces retours de Syrie. Nemmouche est passé par l'Allemagne où il a été interrogé avant d'être relâché pour commettre ses crimes à Bruxelles... Nom Adresse email