La pratique politique s'est, semble-t-il, mise en mode violence. Et l'éthique a pris la forme de coups de poing. De vrais coups que s'échangent des élus, des responsables de partis pour exprimer leur opposition, un avis contraire ou une position. La mandature actuelle est déjà riche de ces incidents tout aussi graves qu'inacceptables. La palme revient certainement à ce député de TAJ qui a non seulement "cogné" son camarade du même parti, mais est allé plus loin en proférant des propos racistes. La victime, médecin de son état, a été traitée d'esclave en raison de sa couleur. Et selon des cadres du parti d'Amar Ghoul, l'homme en question — exclu définitivement du parti — n'est pas à son premier écart. Un récidiviste. Plus récemment, des députés du FLN, non contents que le PT revienne à la charge sur la dissolution de l'Assemblée nationale dans le préambule de l'intervention de sa députée lors des débats sur le plan du gouvernement, ont préféré le mode biceps et poings fermés pour "se défendre" et rejeter la proposition. Outre le chahut qui fait désormais partie du décor des débats de l'Assemblée nationale, de la violence verbale, on est passé aussi simplement à la violence physique comme mode d'expression. Les députés du PT ont été malmenés par ceux du FLN qui veulent s'imposer non pas seulement avec leurs voix majoritaires, mais aussi avec leur force. Bien entendu, des plaintes ont été déposées à la justice et à la présidence de l'Assemblée. Risquent-elles pour autant d'aboutir d'autant plus que les concernés jouissent de l'immunité parlementaire ? Certains en font un infranchissable bouclier et en abusent. Cela dit, malgré la domination du FLN en matière d'incidents intra-parti ou avec les députés des autres partis, il n'est pas le seul acteur de ces désolants spectacles. Scindés en deux groupes opposés, les députés du FLN en sont presque venus aux mains lors du renouvellement des instances de l'APN. Ceux du RND les ont suivis mais à bulletins secrets, garantissant l'anonymat, dont le dépouillement a révélé l'ampleur des rancœurs internes et le niveau d'inculture, de racisme et de régionalisme de certains de ses députés. Des insultes et des propos indignes d'élus dont la cible a été la Kabylie et les Kabyles qui sont à l'origine de tous les maux du pays. Au parti, c'est la déception. La honte. La direction promet une enquête pour débusquer les auteurs de ces "insanités". On n'en saura pas plus. Ni sur les auteurs ni sur les sanctions. Ce grave incident reste un précédent dans les annales de l'exercice politique au sein de cette instance élue. Cette évolution dangereuse de la pratique politique en Algérie est comme un avatar dont la manifestation la plus récente remonte à la grande crise du FLN où l'on a utilisé non seulement les bras, mais aussi des dobermans pour déloger les adversaires du jour des sièges locaux du parti. Depuis, cette méthode s'est installée dans la pratique et a envahi toutes les institutions élues reléguant l'éthique au rang de lubies d'une minorité, ce qui reste des véritables militants dont l'espace d'expression est réduit par les nouveaux élus aux méthodes "musclées". D. B. Nom Adresse email