L'Algérie paie lourdement le coût de manque de qualité du développement humain. C'est du moins ce qu'a laissé entendre, hier, le professeur Abdelhak Lamiri P-DG du groupe Insim, lors de la première édition du "carrefour des ressources humaines" organisé, à l'hôtel Hilton d'Alger, par l'Institut de management algéro-américain (Imaa), consacrée au "capital humain et la compétitivité de l'entreprise algérienne". Exposant les enseignements tirés d'un projet de recherche sur la compétitivité des entreprises algériennes, le professeur Lamiri indique qu'en Chine chaque dollar injecté dans l'économie rapporte 3,5 dollars de produit intérieur brut (PIB). En Algérie, l'Etat dépense trois à quatre dollars pour produire un dollar. "Il y a déperdition de ressources", a-t-il précisé. En d'autres termes, l'économie algérienne ne sait pas transformer la rente en richesse nationale durable. Le taux d'utilisation des capacités des entreprises se situe entre 45 et 55%. "Le problème réside au niveau du capital humain", estime M. Lamiri, remettant en cause le mythe, en Algérie, qui consiste à dire : "Nous consacrons suffisamment de ressources à l'éducation". Les chiffres disent le contraire. L'Algérie consacre 4,5% de son PIB à l'éducation. Les pays développés et émergents dépensent 8% de leur PIB. "Autrement dit, ces pays dépensent au moins 15 fois plus que nous pour chaque élève", a-t-il estimé. Les entreprises des pays développés investissent entre 2 et 3% de la valeur ajoutée en divers programmes de formation. En Algérie, nous en sommes à 0,3%. "C'est dix fois moins", a constaté M. Lamiri. "On consacre beaucoup moins de ressources pour le développement humain au niveau global et 10 fois moins au niveau des entreprises. Il faut renverser cette tendance si on veut devenir émergent", a-t-il soutenu. D'ailleurs, la productivité du travail est un indicateur de la qualité des ressources humaines. Sur ce chapitre aussi, le score de l'Algérie est édifiant. Le rendement par heure de travail est de 38 dollars en Corée du Sud, 19 dollars au Chili, 20 dollars au Mexique, 32 dollars au Portugal, 58 dollars en France, 60 dollars aux Etats-Unis d'Amérique, 12 dollars en Tunisie et 6,5 dollars seulement en Algérie. Nous dépensons peu, nous dépensons mal et les performances de nos entreprises et de nos institutions s'en ressentent. Pour développer les systèmes d'information également, l'Algérie investit moins que la moyenne mondiale. "Les facteurs clés du succès, les ressources humaines et l'information, ne sont pas suffisamment pris en charge par nos décideurs au niveau macroéconomique et nos managers au niveau des entreprises", a-t-il noté. Plus inquiétant, selon une étude menée sur un échantillon de plus de 500 managers de petites et moyennes entreprises, 13% seulement ont répondu que la formation de la ressource humaine est importante. Uniquement, 25% ont des budgets de formation. Le reste ne consacre presque rien au développement de ses ressources humaines. Moins de 3% des dirigeants dont les entreprises s'engagent dans la mise à niveau se forment eux-mêmes. Comment peut-on ignorer un élément aussi important, considéré ailleurs comme le facteur-clé de succès n°1 des entreprises et prétendre défendre ses parts de marché localement et exporter ? La rencontre a été également animée par M. José Leonardo Otero, Chief Académic Officer au niveau de l'American University of Leadership qui a évoqué la question de la succession générationnelle et Gilles Cloutier, professeur de management international et président du conseil Statt Group qui a parlé de l'exode des cerveaux et l'importation des compétences étrangères. Fruit d'un partenariat conclu entre l'American University of Leadership de Floride (AUL) et l'Institut supérieur international de management (Insim), "l'objectif de l'Imaa est de répondre à la nécessité de rapprocher davantage les formations aux besoins du marché de l'emploi", souligne le directeur général de l'institut, Mohammed Zerourou. L'Imaa se veut ainsi être un partenaire de la performance de l'entreprise algérienne. Nom Adresse email