Située à quelque 600 km d'Alger, Ghardaïa, jadis havre de paix, palmeraie paisible et destination privilégiée des touristes étrangers et nationaux, n'est plus celle d'antan. Les violences cycliques, vécues depuis plus d'un quart de siècle, ont accouché d'une situation de très haute tension et d'une sérieuse dangerosité. Durant ce mois de Ramadhan et en dépit d'un calme précaire qui n'a pas surpris tout le monde, les mosquées, connues pour leurs spécificités historiques et architecturales, enregistrent tout de même une fréquentation record. Les Ghardaouis, très attachés aux traditions ramadhanesques ancestrales, tiennent à faire de ce mois sacré une occasion privilégiée de se rapprocher davantage d'Allah le Tout-Puissant et de se réunir en famille autour d'une table de f'tour, bien garnie mais dans une ambiance craintive. Tout au long des premiers jours passés dans ce mois sacré, petits et grands voient leurs journées et nuits chamboulées par un rythme exceptionnel de prières et une ambiance de réconciliation, de convivialité et de chaleur humaine, régnant sur toute la ville. Les péripéties de cet important événement religieux commencent, au préalable, avec des rituels bien ancrés dans les traditions au sein de la société ghardaouie. Ainsi, les mères de famille se mobilisent pour confectionner des gourmandises et des mets traditionnels qu'on trouve sur toutes les tables des foyers du M'zab pendant ce mois sacré. En effet, la gastronomie ghardaouie continue d'être à l'honneur tout au long du mois de Ramadhan, grâce aux efforts des mères de famille, qui se mettent à la besogne depuis le matin pour présenter à leurs proches une table de f'tour agrémentée de toutes sortes de mets délicieux. En plus de la fameuse soupe frik ou harira, qui demeure la vedette des tables ramadhanesques, le menu est souvent composé de dioul, baghrir, tajine, etc. À cause de leur emploi du temps chargé, certaines ménagères, qui n'ont pas le temps de passer des heures et des heures dans leur cuisine, trouvent leur bonheur chez les commerces qui fleurissent dans leurs quartiers, durant le mois de Ramadhan, mettant toutes sortes de gourmandises à la disposition de ces dames. Par ailleurs, les habits traditionnels connaissent un engouement particulier durant le mois sacré. Tout au long du mois de Ramadhan, les Ghardaouis se ruent vers les vendeurs d'habits traditionnels pour se procurer qamis ou gandouras. Des pièces incontournables pour l'occasion, qui illustrent les coutumes et les traditions de la vallée du M'zab qui vont de pair avec l'esprit de Ramadhan. Après le f'tour, de nombreux fidèles, accompagnés de leurs amis et de leurs enfants, se rendent dans les mosquées pour accomplir la prière d'el-icha et des tarawih. Durant la journée, les fidèles peuvent également réciter le Coran collectivement, ou encore suivre des conférences et des cours religieux. Et comme le Ramadhan est le mois de la générosité et de la solidarité, des actions caritatives et des opérations Iftar (rupture du jeûne) sont régulièrement organisées pour soutenir les familles nécessiteuses et partager avec elles les joies du mois sacré. A H D Nom Adresse email