Le directeur de cabinet de la présidence de la République a accordé plus de 100 entretiens en cinq semaines. Le nombre élevé de personnes consultées, dont la majorité n'est pas habilitée à intervenir sur la Constitution, ne sous-entend pourtant pas un projet de qualité. Le ministre d'Etat, directeur de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a achevé, hier, le cycle de consultations sur la révision constitutionnelle, qu'il avait entamé au début du mois de juin dernier. En cinq semaines, il aura accordé, selon des sources officielles, quelque 108 entretiens à des chefs de partis politiques, des présidents d'associations ou d'organisations nationales, des personnalités politiques, ainsi que des universitaires. En ne prenant en compte que la logique arithmétique, l'ancien Premier ministre a accompli parfaitement la mission qui lui a été confiée par le chef de l'Etat en réceptionnant les propositions d'autant de consultants. Des suggestions d'amendements à la loi fondamentale qu'Ahmed Ouyahia et son équipe étudieront, collationneront puis consigneront dans un rapport qu'ils devront remettre au président de la République dans un délai de vingt jours. En réalité, il n'est pas sûr que cette étape préliminaire à la révision constitutionnelle confère au projet la qualité et la consistance souhaitées. Il convient de rappeler que l'opposition n'a pas participé à cette démarche (environ quarante invitations ont été déclinées par leur destinataire), qu'elle a qualifiée d'emblée d'absurde. Il est utile de signaler aussi que la majorité des personnes consultées ne sont pas habilitées à intervenir sur la Constitution, qui sert de soubassement à l'ensemble des lois organiques, ordinaires et textes règlementaires. Au-delà des secrétaires généraux et présidents d'une nuée de partis politiques, qui n'existent que par le directeur de cabinet de la présidence de la République qui a reçu des représentants d'associations et organisations nationales ne possédant aucune compétence en constitutionnalisme. Dès lors, les propositions qui lui ont été soumises sont circonscrites, pour la plupart, à des généralités sans la moindre plus-value pour le projet, ou à des cautions aux amendements contenus dans la copie de la présidence de la République. Globalement, les invités de M. Ouyahia ont plaidé pour la limitation du mandat présidentiel à deux, la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice, le renforcement des mécanismes de lutte contre la corruption, ainsi que la lutte contre l'utilisation de la religion et les constantes de la nation à des fins politiques, l'allongement du mandat présidentiel à sept ans au lieu de cinq, élargissement des prérogatives des sénateurs, constitutionnalisation du droit de pétition, protection de l'économie nationale, changement du nom du Conseil constitutionnel... En somme, des principes sans impact sur les principes fondamentaux de la Constitution en vigueur. Il n'en demeure pas moins que certaines propositions, notamment celles émanant des anciens dirigeants du FIS dissous, sont plutôt tendancieuses. Madani Mezrag a estimé opportun d'accompagner la révision constitutionnelle par une réforme politique, plus précisément "une révision des lois sur les partis politiques pour permettre de choisir les élites à même de représenter le peuple algérien". Entre les lignes, il faut comprendre un réajustement législatif qui autorisera l'exercice de l'activité politique des militants islamistes qui en sont interdits. Naturellement, l'ancien chef de l'AIS a plaidé pour le renforcement de la réconciliation nationale. Contre toute attente, le RND et le FLN ont défendu la constitutionnalisation de tamazight langue nationale et officielle. Une revendication occultée par les autres intervenants, y compris le FFS. Cette proposition, portée par les deux plus importants partis politiques du pays, ne serait-ce que par leur représentativité dans le gouvernement, le Parlement et les assemblées élues, aboutira-t-elle ou n'est-ce qu'une opération-marketing ? S H Nom Adresse email