Produits anonymes, non-respect des conditions d'hygiène et des normes de fabrication, ateliers clandestins, autant de facettes d'un secteur en pleine croissance mais freiné dans son évolution par ces phénomènes. Le Ramadhan qui intervient cette année en pleine saison estivale n'est pas fait pour calmer la frénésie des Algériens pour les boissons. Au coucher du soleil, les tables regorgent de bouteilles de gazouz (sodas), d'eau aromatisée et de jus de fruits pour accompagner les repas. Cette situation ne fait que booster un marché national des boissons en pleine croissance. Son évolution annuelle oscille entre 8 et 10%. Deux filières connaissent, principalement, une croissance remarquable, à savoir la filière jus de fruits, nectars de fruits et eaux fruitées et la filière eaux minérales et eaux de source. En dépit de ce potentiel prometteur de croissance, la filière de boissons fait, cependant, face à plusieurs obstacles, notamment l'informel et la concurrence déloyale qui prennent de grandes proportions pendant le Ramadhan. Durant ce mois, le secteur informel devient une préoccupation sérieuse pour les producteurs, entrave la concurrence et portant atteinte à la santé du consommateur. Jus de fruits périmés. Contrefaits. Incolores. Des breuvages qualifiés de jus, sans indications sur leur origine. Les cherbet (citronnades traditionnelles), fabriquées en l'absence d'hygiène mais dont raffolent plusieurs jeûneurs algériens. Des liquides, des substances dont les consommateurs algériens sont très friands, peu soucieux au demeurant de préserver leur santé. Ces pratiques sont régulièrement constatées. Phénomène le plus révélateur de l'arrivée du Ramadhan, la distribution de produits hors magasins, souvent à même les trottoirs, sans respect des conditions d'hygiène. Vente de la cherbet sans conditions d'hygiène Autre révélateur de Ramadhan, la vente de la prétendue cherbet sans respect des règles d'hygiène. En effet, à chaque coin de rue, sur les trottoirs où les commerces qui changent d'activité le temps d'un mois de Ramadhan, la citronnade abonde en quantité industrielle. Les uns installent de grands bacs sans couverts sur les bords des routes, sous le soleil et au milieu de la poussière et de la pollution et servent leurs clients à l'aide d'une louche pour remplir des sachets d'emballage non alimentaires. Les autres proposent sur des étalages de la citronnade déjà conditionnée dans des sacs sans étiquetage et prête à être emportée. Pourtant, des dispositions réglementaires sont édictées, des normes sont élaborées, des contrôles de qualité et de conformité sont institués et des actions de sensibilisation, prévention et vigilance accrue sont régulièrement lancées en ce sens, notamment par les associations de protection des consommateurs, les fabricants de boissons et divers services gouvernementaux. Face à ce laisser-aller, les spécialistes évoquent l'arrivée massive d'opérateurs non professionnels qui sont attirés par le gain facile. Ils ne font leur apparition que lors du mois de Ramadhan. On a constaté, lors de notre passage dans les marchés de la capitale, de la citronnade fabriquée par une laiterie de l'ouest d'Alger et emballée dans des sachets destinés au lait. Sans pouvoir les chiffrer, les embouteilleurs non enregistrés agissant en toute illégalité sont nombreux. Ces derniers usent de la contrefaçon (utilisation des bouteilles de marques connues et utilisation de breuvages douteux) d'arômes, de colorants et autres additifs non contrôlés et illégaux dans de nombreux cas. Les consommateurs sont les premiers à payer les conséquences d'une telle situation, en consommant des produits issus de procédés de fabrication dangereux et contenant de surcroît de forts taux d'additifs prohibés. Gain facile semble de plus en plus rimer avec Ramadhan. En effet, des grossistes imposent leur diktat sur le marché, notamment sur les prix. C'est le cas d'une eau minérale proposée en promotion dans des packs de 2x6 litres au prix des packs de 1,5x6. Même si la mention de "3 litres gratuites" est clairement visible sur l'emballage, de nombreuses boutiques majorent le prix du pack de 30 DA, soit à 180 DA au lieu de 150 DA. Si la croissance du marché de la boisson oscille entre 8 et 10%, il n'en reste pas moins que le marché informel constitue un frein au développement de cette industrie. S. S. Nom Adresse email