Cette première Conférence nationale a été consacrée à l'évaluation des cycles obligatoires (primaire et moyen), mais le ministère a annoncé la tenue, au cours de l'année scolaire à venir, d'une autre rencontre entièrement dédiée à l'enseignement secondaire. Après deux jours passés au lycée des Mathématiques de Kouba à discuter de la réforme du système éducatif, la centaine d'enseignants, d'universitaires, de chercheurs et d'experts a formulé une série de recommandations. Parmi la multitude de thèmes abordés, certaines priorités sont apparues : la généralisation de l'enseignement préscolaire, l'égalité des chances Nord-Sud, l'enseignement spécialisé, la modernisation de la gestion pédagogique et administrative, l'introduction des TIC, ou encore l'éthique et la déontologie en éducation. Dans le souci d'élever le niveau de l'enseignement et de réduire les taux d'échec et de déperdition scolaires, l'accent a été mis sur la petite enfance et les enfants aux besoins spécifiques. Les participants ont donc recommandé la généralisation, à moyen terme, des classes du préscolaire dès l'âge de 5 ans afin, disent-ils, "de mettre tous les enfants sur un pied d'égalité pour mieux appréhender l'enseignement primaire", en créant, par exemple, une spécialisation ou un mastère pour l'enseignement du préscolaire. De même, les conférenciers ont insisté sur la nécessité de prendre en charge les enfants aux besoins spécifiques, citant les cas de trisomie, d'autisme et autres handicaps moteurs. Les spécialistes recommandent notamment "le renforcement du diagnostic et du dépistage précoces, ainsi que la création d'un poste d'auxiliaire de vie scolaire". Ils préconisent aussi un droit de regard du ministère de l'Education nationale sur la construction des établissements spécialisés pour s'assurer qu'ils sont bien adaptés aux besoins de cette catégorie d'élèves. Cet ensemble de mesures, qui visent à l'égalité des chances, inclut également les disparités d'ordre géographique. Les participants recommandent, entre autres, "la redynamisation des classes itinérantes, la réouverture des internats et cantines scolaires, l'établissement d'un cadre organisationnel pour les classes à multi-niveaux, ou encore la création d'un office de gestion des œuvres sociales scolaires". Chacun des huit ateliers a traité de questions particulières et a abouti à ses propres propositions. Mais à la lecture des recommandations, beaucoup se sont répétées, alors qu'il s'agissait de différents ateliers. C'est dire la complexité du système éducatif et le degré d'imbrication de chacun des éléments qui le composent. En tête des redondances se place la formation des formateurs. À ce sujet, il est proposé notamment de créer des commissions mixtes avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de favoriser la formation continue ou à distance et d'ouvrir des antennes régionales pour la formation des formateurs. S'agissant des programmes, ils suggèrent la redynamisation de l'Observatoire national de l'éducation et de la formation, la mise en place d'un conseil national de l'éducation et de la formation, et le remplacement de l'actuelle commission des programmes par un Conseil des programmes. En attendant la mise en application Deux jours durant, chaque groupe de travail a écouté et débattu des communications qui lui ont été présentées par divers professionnels. S'appuyant sur les résultats de la concertation nationale de 2013, les participants ont formulé de très nombreuses propositions. "Nous allons classer ces propositions, former des groupes de travail pour les étudier et trouver des moyens de les mettre en œuvre", a affirmé, lundi, le chef de cabinet du ministère de l'Education nationale dans son allocution de clôture des travaux. De son côté, le président du comité scientifique de la conférence, Farid Benramdane, s'est félicité de la tenue d'une telle rencontre. "Les premiers objectifs de cette conférence étaient d'informer et de communiquer. Depuis des années, le débat sur le système éducatif a manqué et cette démarche d'organiser une consultation puis une conférence nationales doit être renouvelée", a-t-il estimé. Initiée en 2003, la réforme du système éducatif n'a été évaluée pour la première fois qu'en 2013, sous l'administration de l'ex-ministre Baba Ahmed. Mme Benghebrit qui lui a succédé a donc opté pour l'analyse des données de cette concertation pour identifier les dysfonctionnements et lancer un processus de remédiation. Raison pour laquelle ont été associés à cette rencontre, aussi bien des professionnels de l'éducation que des cadres d'autres ministères partenaires, des chercheurs, des experts, mais aussi des représentants de la société civile et des syndicats. "Je considère que le débat multisectoriel et le regard extérieur vont enrichir la réflexion sur un meilleur système éducatif", a ajouté M. Benramdane. Il incombe désormais à la tutelle de décider des mesures à prendre pour espérer atteindre les objectifs qualitatifs fixés par Mme Benghebrit. A. H. Nom Adresse email