Premier chapitre : "L'enfant qui changera ma destinée..." Résumé : Hadj Ahmed rassure son gendre, il aura prochainement sa licence de taxi. Zaher fait une bonne affaire en louant un appartement à Bab El-Oued. Il fera leur bonheur. Comme il est libre de suite, il décide d'y emménager. Zina est folle de joie puis elle a des doutes. Tout se passe si vite que la jeune femme a l'impression d'être prise dans un tourbillon. Le temps de réunir leurs affaires, ils partent s'installer dans l'appartement. Zina pleure de joie en visitant les pièces. Même si ce n'est qu'une location, elle a le sentiment que plus rien ne sera comme avant. Elle est optimiste. S'ils ont trouvé un appartement aussi facilement, ils adopteront vite un enfant. Elle le voudrait petit, dès ses premiers jours ou semaines. Elle lui donnera tant d'amour qu'il ne sentira jamais qu'elle ne l'a pas eu. - Je te vois pensive, dit Zaher en déballant les cartons. Qu'est-ce qui te manque ici ? - Les rires, les pleurs d'un bébé. Une maison sans enfant, c'est triste ! Mais je sais que tu tiendras parole... Nous allons en avoir un ! Mon cœur me dit que c'est pour bientôt, dans un avenir tout proche ! - Incha Allah ! Zina ne tient pas en place. Elle nettoie l'appartement même s'il est propre. Elle a de l'énergie à revendre. Une fois qu'ils se sont bien installés et qu'il a enfin obtenu sa licence de taxi, elle lui propose d'inviter leurs familles. Zaher n'est pas d'accord. - On n'a rien à fêter ! On n'a rien acheté, lui rappelle-t-il. On a juste loué, Zina, l'appartement ne nous appartient pas ! - Mais j'ai le droit d'inviter ma famille ! Ils doivent savoir où me trouver ! Je ne vais pas rester seule... Et puis, le jour viendra où on possédera notre propre appartement ! Où en es-tu avec le dossier d'adoption ?, l'interroge-t-elle. - Ma chère, je l'ai déposé ! Il ne nous reste qu'à attendre leur réponse, lui apprend-il. Prie avec moi pour qu'ils ne trouvent aucun prétexte de refuser notre demande ! D'après la responsable, dans moins d'un mois on aura une réponse ! - Un mois !, s'écrie-t-elle. Mais c'est long ! Pourquoi tout ce temps ? - Ils vont enquêter sur nous, vérifier qu'on est des gens bien ! Zina, il est question de confier un orphelin ou une orpheline à des inconnus ! Ils doivent s'assurer avant de nous convoquer ! D'après ce qu'on m'a dit, ils vont envoyer quelqu'un à l'improviste puis nous convoquer ! - Je ne bougerai pas d'ici !, promet-elle. Ils ne me rateront pas ! Ils ne trouveront aucun prétexte pour jeter notre demande à la poubelle ! - Tu exagères ! Mais Zina est décidée. Elle ne sort plus, ne rend pas visite à ses parents, et lorsqu'elle souffre d'une dent, elle prend des calmants, refusant de se rendre au cabinet dentaire où elle aura perdu des heures à attendre son tour. Elle ne sort plus et ne vit que pour cet instant où l'assistante sociale frappera à sa porte. Le temps lui paraît long. Elle envie les foyers de ses voisines d'où s'échappent les éclats de rire et des cris d'enfant. Il y a de la vie derrière leurs portes. - Pas comme chez moi, soupire Zina en se traînant comme une âme en peine à travers les pièces. Ya Allah, je ne veux qu'un enfant ! A défaut d'en avoir, j'en adopterai un ! Ses prières finissent par être entendues. Près de trois mois après, ils reçoivent une convocation. Zina et Zaher se préparent avec soin. Ils sont reçus par une psychologue qui leur pose des questions. En fait, elle discute longuement avec Zina, si bien que celle-ci oublie presque qu'elle est "testée". - On se reverra prochainement, lui dit-elle. Je pense que vous serez une maman exceptionnelle ! Vous débordez d'amour pour les enfants ! - Oui. Vous pensez qu'on nous en donnera un rapidement ? - En effet, dit la psychologue en souriant. Il y a des nouveau-nés... Vous voulez un garçon, mais depuis quelques semaines, nous n'avons reçu que des filles ! - Une fille !, s'écrie Zina, surprise. Mais si on peut avoir une fille, je serais si heureuse ! Elle fera mon bonheur ! La psychologue échange un regard interrogateur avec la responsable qui hoche la tête, semblant approuver. Zina ne tient plus en place. - Est-ce que je peux les voir ?, demande-t-elle. - Non, pas aujourd'hui. Revenez demain après-midi ! - Est-ce que je pourrais l'emmener ? - Non. Je dois revoir certains points avec votre mari, mais vous pourrez les approcher. Il n'y a aucun problème... Zina leur serre la main. La psychologue fait quelques pas avec elle. Elle est heureuse et pleine d'espoir. Quand elle rejoint Zaher dehors, elle est si émue qu'elle a envie de pleurer. Plusieurs fois, elle se tourne vers la psychologue et lui fait un signe de la main. Il y a tant de bébés abandonnés qui pourraient rendre heureux tant de couples stériles. Des couples comme eux qui n'ont qu'un rêve : être comblés par la présence d'un bébé dans leur foyer ! (À suivre) A. K. Nom Adresse email