Le spectre des diplomates algériens enlevés à Gao a été ressenti dans la salle des conférences d'El-Aurassi à l'occasion de l'ouverture de la phase des négociations entre les groupes politico-militaires et le gouvernement malien. Le ministre des Affaires étrangères, chef de file de l'équipe de la médiation, Ramtane Lamamra, leur a rendu hommage avec une pensée pour ceux qui ont perdu la vie. Il a précisé, dès l'ouverture de la cérémonie, que "l'agression du consulat algérien à Gao était visiblement et manifestement dirigée contre la stabilité de l'Algérie, du Mali et de toute la région". Il a salué le "dénouement heureux avec le retour de deux de ces diplomates", mais "malheureusement, a-t-il ajouté, la joie de l'Algérie et de leur famille est fortement diminuée par la perte de Boualem Saes et de Taher Touati après qu'ils eurent perdu la vie". "Je rends hommage à ces bâtisseurs de la paix et serviteurs de l'Algérie", a-t-il conclu à ce sujet. Si l'équipe de la médiation était au complet et volontaire dès l'approche de la séance d'ouverture, du côté des groupes maliens ont ressurgi "des querelles et des divergences" qui se sont manifestées sous forme de chaises vides et une longue attente. Le premier bloc était présent avec dans les propos de certains représentants, une petite prise de distance vis-à-vis de l'autre camp, notamment le MNLA dont le représentant Ag Charif leur a faussé la compagnie en se rendant au Maroc après la signature, à Ouagadougou, du protocole pour harmoniser et unifier la position des groupes du Nord. Il aura fallu une bonne dose de tractations pour que tout le monde daigne enfin prendre place. M. Lamamra a appelé les participants, les acteurs directs de la crise malienne à faire de cette étape un moment fort d'une paix globale et durable qui satisfasse les populations du Nord, avec une paix et une prospérité partagée avec le peuple malien et les peuples de la région. Saluant la position commune des groupes militaro-politiques suite à la rencontre de Ouaga, M. Lamamra les a appelés à être "conscients de la responsabilité qui pèse sur leurs épaules". Et d'estimer enfin que "ce calendrier (négociations) sera un rendez-vous avec l'histoire". Mais si M. Lamamra a été très diplomate sur la question des divergences entre les groupes, M. Jibril Bassolé, MAE du Burkina Faso, représentant de la Cédéao et de l'OCI à ces négociations, n'a pas été tendre et n'a pas cherché ses mots pour les rappeler à l'ordre. D'autant plus que "la tâche ne sera pas facile. Elle sera ardue, longue et difficile et c'est la crise qui l'exige". "Vous avez pris des armes pour défendre votre cause. Votre cause est entendue. Le président et la communauté internationale acceptent de discuter pour trouver une solution. Montrez-vous à la hauteur. Ne laissez pas votre cause minée par les querelles intestines. Vos différences historiques et sociologiques ne doivent pas être des obstacles", dit-il en s'adressant directement à ces groupes du Nord. Et pour équilibrer son propos, le chef de la diplomatie du Faso a invité les représentants du gouvernement malien à "faire une offre de paix réelle". "Une proposition pour un Mali nouveau, réconcilié avec lui-même", dit-il avec un pronostic sur "la signature dans quelques semaines d'un accord sur une paix globale" ou tout au moins, a-t-il ajouté, "un plan d'action avec un engagement fort". "Engagement et confiance" entre les belligérants, selon sa formule. D. B. Nom Adresse email