Elu en 2008 sur la promesse de mettre fin à l'engagement américain en Irak, Obama, six ans plus tard, est ainsi revenu sur ses pas, s'engageant dans un conflit religieux dont l'issue n'est rien moins que certaine. Le président américain renvoie des troupes sur le terrain, même si la mission de ces dernières n'est pas de combattre en première ligne mais d'encadrer et de renforcer les armées de Bagdad et les peshmergas kurdes et enfin à s'impliquer en dehors du théâtre irakien. Les avions de sa coalition décolleront de bases de pays frontaliers de l'Irak et exerceront des droits de poursuite même sur la Syrie, quand bien même Moscou, l'allié de Damas, a d'ores et déjà mis en garde Washington sur ce casus belli. Pour autant, grande satisfaction pour le président américain qui a rendu public son plan anti-djihadiste, tout de suite après le ralliement de dix pays arabes, l'Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Qatar, Oman, l'Egypte, l'Irak, la Jordanie et le Liban. Depuis Riyad, la veille de la célébration des actes terroristes islamistes du 11 septembre 2001 au cœur de New York, la locomotive de la partie arabe, l'Arabie saoudite - dont l'idéologie wahhabite a constitué la matrice et le vecteur du djihad version sunnite - est, aux yeux d'Obama, le ticket par excellence pour faire avaler sa croisade à l'opinion arabo-musulmane. Lui qui souhaitait prendre le plus de distance possible avec la guerre contre le terrorisme de son prédécesseur, George W. Bush, a été contraint in fine de recourir à la même logique et aux mêmes arguments. En outre, pas de nouveauté dans une stratégie qu'il poursuit ces dernières années au Yémen, au Pakistan et en Somalie, en dépit des interrogations alimentées sur la revendication de son succès. Il reste que grâce au roi Abdallah qui a entraîné derrière l'Arabie saoudite la Ligue arabe et dix de ses membres, la coalition internationale version Obama prend une autre dimension que si elle ne devait être composée que par des alliés atlantiques des Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie, la Pologne, le Danemark, le Canada et l'Australie. Même la Turquie, membre historique et stratégique de l'Otan, avait lié sa participation à la présence de pays musulmans. "Nous traquerons les terroristes où qu'ils soient", a martelé le président américain, précisant que les djihadistes ne pourront compter sur aucun "refuge". Faut-il comprendre que seront ouverts d'autres fronts qu'en Irak et en Syrie ? La guerre anti-terroriste version Obama sera-t-elle étendue aux autres théâtres d'actions djihadistes de par le monde ? Tour d'horizon de ces autres fronts djihadistes. Au Nigeria, le groupe Boko Haram fait peser de lourdes menaces sur le pays et au-delà sur le Tchad, le Niger et le Cameroun. Depuis cinq ans, il multiplie attentats, massacres et enlèvements tout en étendant son emprise sur le nord-est du pays. Cet été, Boko Haram a pris le contrôle de la ville de Gwoza où son chef, Aboubakar Shekau, a lui aussi proclamé, le 24 août dernier, un califat islamiste. L'insurrection armée de Boko Haram et sa répression ont fait plus de 10 000 morts depuis 2009, dont 4000 depuis le début de l'année. Obama a mis à prix la tête d'Abubakar Shekau, "terroriste à l'échelle mondiale", pour 7 millions de dollars. En revanche, au Mali, l'Aqmi et le Mujao, des franchises d'Al-Qaïda, ont échoué dans leur tentative de fonder un califat islamique. La Séléka, essentiellement composée de musulmans, est désignée comme un foyer islamiste violent, voire terroriste, en Centrafrique, ce qu'elle conteste, mais selon certains experts, une partie de son armement proviendrait aussi du Soudan, Khartoum étant maître d'actions en sous-main. Au-delà de l'affrontement religieux dans le pays, entre chrétiens et musulmans, ce qui inquiète c'est la disparition de l'Etat centrafricain, qui a multiplié les zones grises dans l'ensemble du pays. Ces secteurs sont ainsi devenus propices à l'essaimage et au développement de groupes terroristes djihadistes étrangers comme Boko Haram et les Shebab de Somalie... La Libye est une priorité urgente. Le chaos politique a permis l'arrivée massive de djihadistes auparavant cantonnés dans l'extrême sud du pays. La Libye est devenue ces dernières semaines un vrai hub terroriste pour le Maghreb et une partie du Sahel saharien, au point où le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, envisage une action en Libye "à la fois la porte de l'Europe et du Sahara". Selon lui, l'opération Barkhane pourrait donc être amenée à monter vers la frontière libyenne. Chassée par le calife autoproclamé Abou Bakr al-Baghdadi du Moyen-Orient, Al-Qaïda cherche à se repositionner dans le sous-continent indien. New Delhi a placé en état d'alerte plusieurs de ses Etats à l'annonce d'Ayman al-Zawahiri d'établir son califat de la Birmanie au Bangladesh en passant par les provinces musulmanes de l'Inde : le Gujarat, Madhya Pradesh, l'Uttar Pradesh et la Bihar. D B Nom Adresse email