Le rôle régional du Qatar est passé, son influence extérieure devrait s'opérer sous la houlette de l'Arabie Saoudite. Première conséquence géopolitique de la guerre en cours de Barack Obama au Moyen-Orient. La politique étrangère expansionniste du petit émirat a été mise à mal, certes, par des pressions internationales mais surtout par les mauvais calculs de ses dirigeants jouant l'islamisme contre tous. Sous la pression de Washington et Riyad, le Qatar, considéré comme "l'enfant terrible" du Golfe, vient de faire des concessions à ses partenaires arabes en commençant à réduire les activités des Frères musulmans (Ikhwan), en demandant à ses dirigeants en exil dans l'émirat de se relocaliser. La Turquie, la Malaisie et le Soudan sont cités comme possibles nouvelles destinations pour les dirigeants en exil des Ikhwan. Par ailleurs, le Qatar fait partie des dix pays de la Ligue arabe engagés dans la lutte contre les djihadistes en Irak et en Syrie mené sous le drapeau américain. Un vrai réalignement des Qataris qui étaient jusqu'à il n'y pas longtemps les principaux soutiens des activités islamistes, hors du Golfe bien entendu. Depuis un mois, le Qatar ne ménage pas sa peine pour régler ses différends et montrer sa bonne volonté avec ses voisins, particulièrement l'Arabie Saoudite que le petit émirat richissime avait même éclipsée de la scène diplomatique moyenne orientale et arabe lors des fameux "printemps arabes". Doha et Riyad était parvenus au bord de la rupture diplomatique. En effet, de toutes les critiques auxquelles a fait face ce petit émirat gazier, celles concernant ses relations avec les Ikhwan lui ont causé le plus de tort dans le monde arabe. Le Qatar s'est ainsi retrouvé en conflit ouvert avec l'Egypte, qui mène une répression sanglante contre la confrérie, mais aussi avec certains de ses voisins du Golfe qui l'ont interdite, la qualifiant de "menace" pour leur stabilité. En mars dernier, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn avaient rappelé leurs ambassadeurs basés à Doha. Le Qatar et la Turquie étaient les seuls pays du Moyen-Orient à soutenir ouvertement les Frères musulmans après le renversement par l'armée égyptienne du président islamiste Mohammed Morsi en 2013. Le président égyptien destitué par l'armée Mohamed Morsi sera jugé de nouveau pour la livraison présumée au Qatar de documents relevant de la sécurité nationale, en échange d'un million de dollars, selon le procureur général du Caire. La date de l'ouverture de son quatrième procès n'a pas encore été fixée mais l'ex-président islamiste encourt déjà la peine de mort dans plusieurs affaires. Après six mois de brouille, sur fond d'invectives réciproques, le Qatar a alors entamé un rapprochement avec l'Arabie Saoudite, pour enfin laisser s'ébruiter ce week-end le départ de plusieurs dirigeants égyptiens des Frères musulmans réfugiés chez lui. Des figures des Ikhwan, à qui on a demandé de relocaliser leurs bureaux à l'extérieur du Qatar, ont accepté de le faire "pour éviter tout désagrément à Doha, devait annoncer Amr Darrag, un dirigeant de la confrérie. Une mesure qui concerne sept responsables du mouvement islamiste, dont le secrétaire général Mahmoud Hussein. Cette décision devrait permettre d'apurer la tension avec Le Caire dès lors que Doha se débarrasse des Ikhwan. Le maréchal-président de l'Egypte dénonçait vigoureusement le soutien apporté par l'émirat à la confrérie des Ikhwan, dont est issu l'ex-président, alors que Doha condamnait sévèrement la répression qui s'abat sur les partisans de ce dernier. En poussant à la sortie son père en 2013, le jeune émir Tamin a réduit la puissance factice de l'émirat à pas grand-chose. En fait, sa venue a coïncidé avec la perte d'influence des Ikhwan en Egypte et partant partout ailleurs. Le Qatar avait misé sur la confrérie égyptienne et ses relais internationaux pour étendre son influence dans la région et dans le monde arabe ces dernières années. Retour donc à la case départ pour cet émirat qui a du faire une croix sur ses ambitions de puissance régionale pour ne se contenter que de possibilités offertes par la politique du chéquier. Mouton noir du Golfe, Doha ne pouvait rester plus longtemps isolé par rapport à ses partenaires du CGC et se permettre d'être sous la pression croissante de Washington. Nom Adresse email