Mustapha Ben Jaâfar est officiellement candidat à la magistrature suprême tout en demeurant à la tête de l'Assemblée nationale constituante (ANC). Pourtant, le jour où il a annoncé son intention de postuler à la présidence, il a affirmé qu'il démissionnerait de son poste de la présidence de l'ANC avant de s'engager dans la campagne électorale. Pour les observateurs, c'est à une volte-face qu'a eu recours Ben Jaâfar pour faillir à sa promesse de démission que rien de légal ne l'y oblige, ni encore moins de tenir. Cependant, pour un éventuel président de la République, la chose a été mal prise par l'opinion publique qui est à la recherche d'un président qui tient un langage "sincère" au peuple qui l'aura élu. Ainsi, la tenue d'une telle promesse relève, pour les tunisiens, plus de la morale que de la légalité. Ainsi, avec cette décision de rester à sa place à l'ANC, aura-t-il hypothéqué ses chances de franchir le portail du palais de Carthage ? Pour certains juristes en droit constitutionnel, M. Ben Jaâfar est toujours dans la légalité. Mais en tant que candidat tenu de présenter son programme à travers les médias, il sera favorisé, par rapport aux autres candidats en ce sens qu'il est encore à la tête de l'ANC. Ainsi, "il sera dans la légalité", mais, aussi dans "l'illicite" comme l'a écrit un journal de la place. Autre candidat potentiel dont la candidature présente des points de similitude avec celle de Ben Jaâfar, celle du locataire actuel du palais de Carthage soutenu par le CPR dont il est président d'honneur. M. Marzouki s'est dit attaché à son poste jusqu'au dernier moment même en cas de candidature à sa propre succession. Ces deux candidats font partie d'une quarantaine de personnes qui comptent se présenter à l'élection présidentielle. Le dernier éventuel candidat n'est autre que le ministre de la Santé de l'ancien régime, Mondher Zénaidi, rentré au pays, dimanche après un exil volontaire de trois ans dans la capitale française. Zénaidi a eu droit à son arrivée à l'aéroport de Tunis, à un accueil digne d'un héros orchestré par ses sympathisants originaires, particulièrement de sa région Kasserine. Selon les dernières informations, il serait le candidat d'une partie des "Destouriens" qui reviennent en force sur la scène politique tunisienne. Cependant, ces "destouriens" ne font que compromettre leurs chances de succès en multipliant les candidatures de personnes issues, généralement, de la même famille politique, qui se revendiquent de la même idéologie et qui se distinguent par leurs vues proches les unes des autres quant à l'avenir du pays. Ainsi, la multiplication de ce type de candidatures conduira, sans doute, à un effritement des voix au grand bonheur du parti islamiste et de Nidaa Tounes dont le président ne cesse de clamer son attachement au "bourguibisme". Avec l'éventuelle candidature de Mondher Zénaidi, les électeurs seront en face de quatre candidats, anciens ministres de Ben Ali. Les trois autres seront, Kantaoui Morjène (Défense et Affaires étrangères), Abderrahim Zouari (divers portefeuilles) et l'économiste Mustapha Kemal Nabli, limogé l'an dernier de son poste de directeur de la Banque centrale par le président Marzouki. Nom Adresse email