l'appel d'un collectif des supporters kabyles, les fans de la JSK ont marché hier à Tizi Ouzou pour exiger toute la lumière sur la mort tragique de leur idole, le footballeur camerounais Ebossé Bodjongo, et dénoncer par là même les sanctions disciplinaires infligées à la JSK par la Ligue de football professionnel (LFP), qu'ils considèrent comme injustes et démesurées. Initialement prévu sous forme de rassemblement devant l'entrée principale du stade du 1er-Novembre, la manifestation s'est vite transformée en marche populaire à travers les principales artères de la ville. En dépit de la canicule et des aléas de ce jour de semaine, plus d'un millier de supporters venus de plusieurs localités de Kabylie et d'Alger ont pris part à cette imposante marche qui se voulait calme et pacifique, pour honorer la mémoire du regretté Ebossé et ainsi prouver que "les véritables supporters de la JSK ont toujours condamné la violence d'où qu'elle vienne", comme a tenu à le clamer haut et fort l'un des initiateurs de la manifestation. Bien avant la mi-journée, ils étaient déjà des centaines de fans à déferler vers le stade du 1er-Novembre, et à 13 h, heure prévue de la protesta, l'ambiance était chaude et colorée. Vêtus de vert et de jaune, les couleurs sacrées du club kabyle, et brandissant de nombreuses banderoles pour rendre un vibrant hommage au regretté Ebossé, mais aussi pour dénoncer toutes les lourdes sanctions disciplinaires qui se sont abattues sur le club cher aux Imazighen, les manifestants ont scandé de nombreux slogans hostiles au pouvoir, mais aussi contre les décideurs de la Fédération algérienne de football et ceux de la Ligue de football professionnel. "Assa azekka, JSK thella, thella !" (la JSK vivra toujours), "Ne touchez pas à notre symbole, la JSK", ou encore "La JSK dh'lâmriw" (la JSK, c'est ma vie), pour reprendre un air bien connu du regretté Matoub Lounès, tels étaient les slogans scandés sur la placette jouxtant l'entrée principale du stade. Au fil des minutes, la foule prend de l'ampleur sous l'œil vigilant d'un cordon de sécurité très discret. Vers 13h30, l'ordre est donné de déferler alors sur la ville, et l'hystérie est à son comble sur tout le trajet menant du stade vers le siège de la wilaya en passant par la rue Lamali-Ahmed, puis par l'avenue Abane-Ramdane. Arrivée à hauteur du musée du centre-ville, la foule immense observe une minute de silence à la mémoire du défunt tout en scandant le nom d'Ebossé. "Nous exigeons que le ou les assassins d'Ebossé soit ou soient démasqués et jugés pour meurtre, mais qu'on ne vienne pas traiter tous les supporters de la JSK d'assassins", dira un vieux supporter vêtu du maillot de la JSK et arborant une photo du malheureux Ebossé dont le souvenir restera impérissable en Kabylie. "Nous ne sommes ni des barbares ni des criminels, et celui ou ceux qui ont tué notre Ebossé n'ont rien à voir avec le sport et encore moins avec la sportivité légendaire de la JSK", dira un autre supporter venu de Birkhadem. "À défaut de trouver des solutions fiables contre le hooliganisme, les décideurs de la FAF et de la Ligue de football professionnel ont trouvé une proie facile en la JSK et son public pourtant connu pour sa sportivité. En mai dernier, nous avions perdu une finale de Coupe d'Algérie face au MCA, et il n'y a eu aucun incident, ni au stade de Blida ni sur le chemin du retour", enchaînera un autre supporter venu de Bouira. "La JSK a perdu dans cette tragédie son idole Ebossé, et voilà que le club doit encore payer le prix fort alors qu'il est victime et ne peut pas être coupable en même temps. Ces sanctions sont injustes et irréfléchies. Non seulement, le stade de Tizi Ouzou est fermé pour une année, et voilà qu'on décide stupidement de nous interdire d'entrer dans tous les stades où évoluera désormais la JSK. Cela relève de la ségrégation et de la politique d'apartheid, et que tous les décideurs zélés du football algérien doivent assumer leur irresponsabilité en cas de dérapage dans les jours à venir car, dites-vous bien, nous allons descendre à Alger pour exprimer encore notre colère et notre indignation devant le siège de la FAF", dira un meneur de la manifestation devant le siège de la wilaya où les organisateurs de la marche avaient vite dressé des barricades pour juguler la foule et éviter tout incident. Après quelques négociations avec les policiers de service, cinq représentants des supporters ont été désignés pour être reçus en toute sérénité par le wali de Tizi Ouzou, Abdelkader Bouazghi, à qui ils ont remis une pétition pour intercéder auprès des instances sportives nationales et demander l'allègement de toutes les sanctions prises contre la JSK et ses supporters, tout en exigeant la levée ridicule et unique dans les annales du football algérien de cette décision d'interdire l'entrée dans tous les stades d'Algérie aux supporters de la JSK. Visiblement satisfaits par le plein succès de la manifestation et surtout rassurés par l'accueil cordial et attentionné qui leur a été réservé par le wali de Tizi Ouzou, les délégués ont animé un court point de presse en public pour affirmer que "le plein succès de cette marche pacifique et bien encadrée est venu à point nommé pour prouver que nous ne sommes ni des voyous ni des vandales, et nous comptons beaucoup sur notre wali qui nous a bien reçus, pour transmettre nos doléances aux autorités sportives nationales. Et si rien n'est réglé d'ici à la semaine prochaine, nous allons radicaliser notre mouvement et envisager une descente dans la capitale", dira le porte-parole des supporters qui se sont dispersés dans le calme, tout en promettant de ne pas baisser les bras. Nom Adresse email